Remise du rapport sur les concertations autour du processus électoral MACKY JOUE A L’ARBITRE...

16 - Mars - 2018

La réception par le Président Macky Sall, ce jeudi 15 mars 2018, du rapport sur les concertations autour du processus électoral ainsi que l’engagement du chef de l’Etat, lors du Conseil des ministres du mercredi 07 mars, de mettre rapidement en œuvre les dispositions réglementaires et juridiques pour en matérialiser les recommandations, semblent bien partis pour mettre encore sens dessus dessous le champ politique. Question : le chef de file de la majorité saura-t-il faire preuve de retenue dans l’arbitrage des recommandations issues du dialogue politique et jouer la carte de la concertation avec l’opposition dite significative qui ne se reconnait pas dans ledit rapport ? Où va-t-on tout simplement assister à un énième forcing du pouvoir en place pour imposer le parrainage et autre, au risque de créer un contentieux pré-électoral lourd de dangers, par une autre modification du Code électoral consensuel de 1992 ?

Macky Sall, le chef de l’Etat et chef de file de la majorité, a reçu hier, jeudi 15 mars 2018, les conclusions du rapport sur les discussions autour du processus électoral. Des concertations qui s’étaient déroulées entre le gouvernement et ses alliés, certains partis de l’opposition, des non-alignés et la société civile sous la houlette de l’ambassadeur Seydou Nourou Ba. L’opposition dite significative (Pds et alliés, Rewmi, Grand Parti, Fsd/Bj etc.) n’avait pas participé aux échanges menés au travers le Cadre de concertations autour du processus électoral. Pour diverses raisons liées notamment au manque de confiance à l’endroit du pouvoir qui s’était permis de retoucher le Code électoral, à la veille des Législatives de 2017. Et cela, en total désaccord avec le protocole additionnel de la Cedeao qui interdit toute modification non consensuelle du jeu électoral, à moins de 06 mois de l’élection.

Avec le rapport déposé hier, jeudi, au palais présidentiel, Macky Sall se retrouve, il faut bien l’admettre, en face de recommandations qui n’ont pas reçu l’agrément consensuel des participants au dialogue politique. Le parrainage, la caution et le bulletin unique avaient fini d’émietter le relatif accord des parties présentes aux concertations autour du processus électoral. Et certaines formations politiques comme le Pur du Pr Sall, Car leneen du Pr Amsatou Sow Sidibé n’avaient hésité à claquer la porte du Cadre de concertation pour protester contre le «forcing» de la majorité. De fil en aiguille, les discussions entre mouvance présidentielle, pôle des non-alignés, partis politiques et société civile, ombudsman du dialogue, avaient débouché sur un compromis autour des objets de désaccord comme le parrainage des candidats à la présidentielle.

Audit du fichier : du consensus à la contestation

De son côté, l’opposition dite significative non présente aux concertations, avait tenu à faire savoir que les conclusions du Cadre de concertations ne l’engageaient pas. Tout au plus exigeait-elle des concertations sérieuses et inclusives autour du processus électoral. Etant déjà entendu que même l’audit du fichier électoral, un point d’accord accepté par toute la classe politique, avait débouché sur des conclusions récusées par le camp opposé à Macky Sall. La fiabilité attestée du fichier électoral, à 98%, par des experts indépendants de l’Union européenne n’avait pas seulement fait sortir de ses gonds les leaders politiques de second acabit. L’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait vivement rejeté lui aussi les conclusions de l’audit du fichier électoral par les experts de l’Union européenne (UE), en affirmant que « ce document est une véritable tromperie, pour ne pas dire escroquerie ». Le « Pape du Sopi », ancien chef de l’Etat de 2000 à 2012 soulignera même, dans son pamphlet contre les hommes de l’UE que « nulle part, les experts n’ont fait œuvre de spécialistes des statistiques ou montré qu’ils connaissent cette science et qu’ils l’avaient appliquée car, on ne voit, dans le rapport, que des affirmations que n’importe qui un peu intelligent pourrait faire». L’un dans l’autre, force était de reconnaitre que le dialogue politique national, dans ses diverses graduations, n’était pas encore sur le point d’occasionner le consensus autour de l’échéance électorale de 2019.

Le code de 1992… en sursis !

En recevant le rapport du Cadre de concertations autour du processus électoral, le maître du jeu a la latitude de jouer la carte de l’apaisement et du dépassement en promouvant un jeu politique et/ou électoral accepté de toutes les parties en lice. En quoi faisant ? Peut-être bien en se conformant à l’interpellation de Déthié Faye, le coordonnateur des non-alignés qui déclarait déjà, à la veille de la remise du rapport, qu’«A l’issue des différents désaccords que nous avons constatés, nous pensons que le Président devrait, dans un premier temps, avant de procéder à un arbitrage quelconque, entendre toutes les parties essentiellement sur les points de désaccord ». Ou à défaut, ouvrir sa porte à l’opposition (Pds et cie) qui exige « la mise en place d’une commission arbitrale consensuelle avec la présence de la majorité présidentielle, de l’opposition et de la société civile pour discuter de la question électorale avec un engagement solennel du président de la République de respecter les conclusions qui en seront issues».

Seulement, au rythme où vont les choses au sein de la galaxie majoritaire, les signaux semblent virer au…passage en force. Engagé dans une dynamique irréfragable de second mandat, Macky Sall donne l’impression d’être prêt à valider les recommandations de son camp, par l’activation de sa majorité parlementaire mécanique, surtout pour ce qui concerne le parrainage des candidatures à la présidentielle. Quitte à se mettre à dos l’opposition ou même à enterrer le code consensuel de 1992 !

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