Rennes: Diafra Sakho: « Gagner la CAN 2019 avec le Sénégal, c’est ce qui me motive le plus »
Arrivé à Rennes dans les derniers jours du mercato d’hiver, Diafra Sakho est de retour en France après trois ans et demi à West Ham. L’occasion pour FF.fr d’évoquer certains moments importants de sa vie pour un voyage de Dakar à Rennes. Avec la Coupe du monde, mais surtout la CAN dans un coin de sa tête.
SON ENFANCE ENTRE DAKAR ET LA GUINEE-BISSAU : «J’aimais bien l’athlétisme»
«C’est un peu difficile d’en parler. Une enfance faite de hauts et de bas, comme dans toutes les familles africaines. Ca m’a permis de me forger. C’est dans ce genre de moments qu’on grandit et qu’on devient un homme. Mon père était chauffeur routier, ma mère femme au foyer. Mon oncle était le président de la chambre de commerce de Guinée-Bissau. C’est pour ça que j’ai habité et grandi là-bas dans un premier temps.
Comme mon oncle était un commerçant important, tout le monde dans la famille travaillait pour lui. D’ailleurs, tous mes frères sont nés dans ce pays. Lors de la guerre en Guinée-Bissau, en 1998, je suis allé vivre chez mes grands-parents, au Sénégal. En 2003, j’ai rejoint ma mère à Dakar. Le foot ? Avant, j’aimais bien faire de l’athlétisme, avec le 200 ou le 400 mètres. Quand je suis arrivé à Dakar, j’ai disputé des matches de quartier, au poste de numéro 6. Jusqu’à être recruté par Génération foot.»
SON PREMIER VOYAGE EN FRANCE : «En t-shirt dans l’avion en décembre»
«Je m’en rappelle très bien : le 5 décembre 2007. J’étais en t-shirt, il faisait froid. Dans l’avion, tous les gens étaient en manteau et me regardaient… (Il ne finit pas sa phrase.) C’était difficile. J’ai voyagé le même jour que Fallou Diagne (NDLR : encore à Metz aujourdhui) et qu’un ami à moi. On a fait le trajet ensemble. Je me rappelle : j’avais leur passeport, j’étais le guide.
On a atterri au Luxembourg, avant de rejoindre Metz. Mes premiers pas en France, et avec ce froid, je voulais tout de suite rentrer à la maison, au Sénégal. Je me demandais comment je pouvais jouer au foot avec un hiver pareil. Déjà que marcher, c’était impossible, alors jouer… A Metz, il faisait tellement froid ! Je vous jure, c’était insupportable. On mettait du beurre de karité, ou d’autres choses sur les pieds pour essayer de se protéger du froid.»
LA PROMESSE DE BERNARD SERIN, LE PRESIDENT DE METZ : «Un homme de parole»
«Nous avions une très bonne relation avec le président (Bernard) Serin, un peu comme père et fils. C’était un homme de parole. Et moi, j’aimais me mettre des défis. Quand Metz est descendu en National (2012), il m’a expliqué que tous les anciens voulaient partir et qu’il fallait que je reste pour encadrer les jeunes. Dans l’équipe, il y avait Bouna Sarr, Yeni Ngbakoto… Une belle époque. J’avais certifié au président qu’on allait tout de suite remonter en Ligue 2. C’est ce qu’on a fait.
Une fois que cela a été acté, je lui ai lancé : ‘’Président, moi, je suis le seul à être resté en National. Je vous promets d’inscrire 15 buts en Ligue 2. Si c’est le cas, vous me laissez partir.” Il m’a dit : “Ok, si tu les mets, je ne te bloquerai pas”. Au final, j’ai atteint les 20 buts en Championnat. Et même avant, lorsque j’ai marqué mon quinzième but, il est venu me voir et il m’a serré la main. Dès février, je savais que j’allais partir en fin de saison.»
L’ENVOL EN ANGLETERRE : «Au dernier moment, West Ham est arrivé»
«Honnêtement, au début, avant de rejoindre West Ham, je voulais aller en Allemagne. Le Borussia Mönchengladbach souhaitait me recruter. Le directeur sportif du club était même venu jusqu’à Metz pour discuter avec moi. On avait parlé du contrat, de comment j’allais jouer, etc. Dans ma tête, j’étais content d’y aller. Mais Metz demandait 5 millions d’euros alors que Mönchengladbach n’en proposait “que” 3,5M€. Au dernier moment, West Ham est arrivé. Ils m’ont proposé quelque chose et m’ont dit qu’ils avaient fait plus de 50 rapports de match sur moi. Mon agent hésitait, et je lui ai dit : “Si le coach de West Ham me fait jouer une fois, il ne me sortira plus jamais de l’équipe.” C’est ce qu’il s’est passé.»
BUT SUR BUT, AVANT LES DIFFICULTES : «J’ai donné envie aux joueurs de sauter le pas»
«Ma première année à West Ham a été magnifique. En tout début de saison, Sam Allardyce, le coach, vient me voir à l’hôtel. Il m’interroge sur ce que je compte apporter en plus à son équipe. Je lui ai dit : “Je suis là pour mettre des buts.” Je lui demande combien en a mis son meilleur attaquant la saison dernière. Réponse : “Kevin Nolan, avec huit buts (NDLR : sept en réalité).” J’ai alors renchéri en lui expliquant que, si je jouais la moitié des matches, j’allais en mettre 12 (Il termine la saison 2014-15 avec 10 buts en Premier League).
En plus, j’en marque six sur mes six premiers matches, un record égalé (NDLR : il partage ce record avec Mick Quinn). Ca m’a fait très plaisir. Tout comme avoir été élu joueur du mois en octobre en Championnat. Je me rappelle aussi de mon but à Liverpool, lorsqu’on l’a emporté là-bas alors que le club ne l’avait plus fait depuis 52 ans (3-0). Ensuite, je me suis blessé, et cela a été un peu plus compliqué. Mais aujourd’hui, je pense que j’ai donné envie à tous les joueurs de Ligue 2 de sauter le pas. Après moi, d’autres comme Mahrez sont passés directement de la Ligue 2 à l’Angleterre.»
NOUVEAU DEPART A RENNES AVANT LA COUPE DU MONDE : «Du temps pour revenir à 100%»
«Je suis content d’être ici, avec cet effectif jeune, qui a envie, qui a faim. Les jeunes d’ici sont talentueux. J’ai donc été rapidement motivé pour être à leurs côtés et je pense qu’on va bien bosser ensemble pour que tout le monde y trouve son compte à la fin. J’ai envie de jouer, de ne pas me blesser, mais le staff médical rennais s’occupe bien de moi.
Je ne dois pas griller les étapes, il me faudra un peu de temps pour vraiment revenir à 100%. Pour ainsi marquer quelques buts en Ligue 1 et aller à la Coupe du monde. Mais, surtout, mon objectif personnel est de gagner la CAN 2019 (organisée au Cameroun) avec le Sénégal. C’est ça qui me motive le plus.»