Restitution des biens culturels africains : Hamady Bocoum appelle à ne pas "essentialiser" la question
Le directeur du Musée des civilisations Noires (MCN), Pr Hamady Bocoum, a relevé vendredi la "complexité" de la restitution des biens culturels africains détenus par les musées français, appelant toutefois à ne pas commettre l’erreur consistant à "essentialiser" cette période dans l’histoire africaine.
"Il s’agit d’une question très complexe, (…) mais l’erreur pour nous serait d’essentialiser cette période dans l’histoire africaine, elle est certes importante, elle a beaucoup changé le cours de l’histoire de l’Afrique, mais l’essentialiser c’est oublier tout ce qu’il y a en amont et tout ce qu’il y a en aval, c’est-à-dire les créateurs contemporains", a-t-il dit.
Il s’exprimait en conférence de presse à l’occasion de la célébration du premier anniversaire du MCN.
En novembre 2018, le ministre d’alors de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, avait exprimé le souhait que "toutes les œuvres identifiées comme étant celles du Sénégal", soient restituées par la France, quelques jours après la publication d’un rapport sur le patrimoine africain commandé par le président français, Emmanuel Macron.
"Est ce qu’on va tout abandonner pour nous concentrer sur la restitution, non, on le fera quand on le pensera nécessaire, une commission sera créée à cet effet (…)", a-t-il insisté, répondant à une interpellation du public.
Selon lui, il y a des "objets qui ont des valeurs symboliques fortes" que les Etat, les pays, les communautés ’’vont réclamer". "Mais une fois rendus, il ne faudra pas nous demander ce que nous allons en faire, car ces objets n’étaient pas dans des Musées quand ils nous ont été pris", a martelé le directeur du MCN, par ailleurs historien.
"On peut décider qu’ils sont souillés et les brûler, on peut décider qu’ils doivent retourner dans la forêt sacrée", a ironisé M. Bocoum.
Il est revenu sur les chiffres liés aux entrées dans le Musée qu’il estime à 100 mille depuis son inauguration le 6 décembre 2018. Un chiffre qui selon lui ne prend pas en compte certains événements (70 événements au total) qui polarisent énormément de monde.
"Il faudrait qu’on revoit notre système d’évaluation de l’entrée du public (…). Nous sommes en train de travailler sur l’architecture numérique du Musée, maintenant il reste l’insertion dans les circuits officiels de visites", a-t-il expliqué avant d’ajouter que la "fréquentation du Musée est assez honorable pour ce que l’on connait en Afrique.
Trois rencontres scientifiques et trois expositions vont accompagner ce premier anniversaire du MCN jusqu’au 21 décembre.
Le vernissage des expositions "Prête-moi ton rêve" et "l’Ecole de Dakar" ont eu lieu aujourd’hui, le vernissage du troisième exposition intitulé "Fent Bokk" aura lieu samedi.