Secteur de la musique : Les politiques publiques évaluées lors d’un séminaire de l’Ifan

04 - Mai - 2017

Secteur de la musique : Les politiques publiques évaluées lors d’un séminaire de l’Ifan

« Le secteur de la musique dans les politiques publiques », c’est le thème animé, hier, par l’enseignant-chercheur Ibrahima Wane, à l’occasion du séminaire de l’Ifan sur les politiques culturelles au Sénégal. Il est revenu sur les stratégies d’intervention de l’État, de l’indépendance à aujourd’hui, qui ne sauraient être analysées en dehors du contexte politique et économique.
Les formes d’intervention de l’État dans le secteur de la musique, de l’indépendance à aujourd’hui, ont été toujours liées aux enjeux du moment. Au lendemain de l’indépendance, temps de la « construction nationale », la question de la recherche d’une identité musicale était assez prégnante. On s’employait à décoloniser le domaine de la culture surtout la musique qui était faite avec des instruments dits occidentaux. La prise en charge de cette question a débouché sur plusieurs initiatives : l’organisation des semaines de la jeunesse, la création des archives culturelles, une « mine » dans laquelle devaient, selon Ibrahima Wane, puiser les créateurs. La création du droit d’auteur, en 1972, était également une façon de stimuler la création, de la réglementer, de donner aux créateurs les moyens de vivre décemment du produit de leur travail. « La mise en place du fonds d’aide aux artistes et au développement de la culture, à la fin des années 1970, était également une façon d’appuyer ceux qui créaient des œuvres originales et portaient des projets innovants », indique-t-il.
Les ajustements structurels ont redessiné la forme d’intervention de l’État dans le secteur de la culture en général dont les moyens ont été considérablement affectés. Cela a coïncidé avec un encouragement de l’initiative privée et entraîné l’implication des professionnels de la musique dans la prise en charge de leur secteur. « Il y a eu des mesures d’accompagnement d’une dynamique qui devait être portée en grande partie par les acteurs eux-mêmes. L’État a cherché à autonomiser les acteurs en les incitant à créer les conditions de vivre financièrement de leurs productions », souligne celui qui est par ailleurs vice-président du Réseau euro-africain de recherches sur les épopées et les traditions narratives.
Autonomisation
Cette option d’autonomisation s’est poursuivie dans les années 2000 avec un accent plus prononcé en ce qui a trait à la conception. La culture est, ici, considérée comme un moteur de croissance. Cette période a également été marquée par la politique d’infrastructures, l’explosion du budget avec des fonds conséquents alloués à la culture même si cela n’a pas produit les effets escomptés. En outre, l’environnement juridique a été considérablement amélioré avec, entre autres, la nouvelle loi sur le droit d’auteur, la création de la brigade de lutte contre la piraterie, la loi datant de 1973 qu’il fallait conformer aux conventions internationales et aux évolutions technologiques et à l’ampleur prise par la piraterie.
De l’avis d’Ibrahima Wane, depuis 2012, ce sont les cultures urbaines qui sont en pôle position du fait du contexte politique, du rôle joué par les acteurs du secteur. La création du Bureau des cultures urbaines même s’il n’est pas fonctionnel, d’un fonds d’aide qui leur est destiné illustre cette dynamique. Il faut, au-delà des questions institutionnelles, réfléchir sur la disparition du « grand producteur » d’hier, sur l’implication du numérique qui modifie les modalités de la diffusion, sur la pertinence du mode de fonctionnement de certaines institutions culturelles... Aussi, regrette-t-il, l’absence de l’État dans cette réflexion. L’initiative est laissée aux acteurs.
Par ailleurs, l’enseignant à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, a invité à interroger le système de promotion des « Trésors humains vivants » pour en faire des pôles de transmission du patrimoine culturel.

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