Sénégal/France : ces rapports ambigus

02 - Février - 2018

Les rapports entre la France et le Sénégal donnent l’impression d’un mariage de raison où le divorce est interdit.

Le partenaire occidental est riche, exigeant, jaloux, dépensier et surtout accaparant. Celui du Sud profite des largesses et a tendance à être fidèle tout en tentant quelques escapades avec d’autres pays pour des projets visibles, histoire de calmer les tensions internes.
Telles sont, schématiquement et d’une façon on ne peut plus caricaturales, les relations entre la France et le Sénégal. Mais, ce portrait n’en est pas moins exhaustif parce qu’explicatif d’une réalité séculaire faite de bonheurs et de malheurs comme dans tous les couples.
On ne va pas passer en revue toute cette coopération, il faudrait plus qu’une chronique pour la revisiter. Mais, il est important d’essayer d’en saisir les fondamentaux pour en comprendre les inclinations.

Historiquement, Dakar était la capitale de l’Afrique Occidentale française (AOF). L’administration coloniale était là et gérait les territoires français à partir de notre pays.

Il s’en suivi une proximité entre populations coloniales et autochtones, un choc fracassant des cultures et une assimilation beaucoup plus rapide des modes de vie et d’être des Français, mais surtout de leurs systèmes politiques et institutionnels.

Aujourd’hui, un Français se sent sans doute mieux au Sénégal que partout ailleurs, et beaucoup de Sénégalais pensent que se rendre en France est moins dépaysant que le faire dans un autre pays.

Alors, Dakar a servi à l’expansion de la colonisation, mais aussi à celle du néocolonialisme incarné par la françafrique. Les critiques d’Ahmed Sékou Touré, premier Président guinéen contre Senghor, n’étaient pas toutes infondées et ce n’est pas un hasard si l’ancien Président a dû rompre les amarres avec des nationalistes de la trempe de Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Sembène Ousmane, etc.
Conséquence, hormis la parenthèse Abdoulaye Wade, tous les Présidents sénégalais, y compris l’actuel, n’ont jamais déçu les Français, même si l’on ne peut pas autant en dire de leurs compatriotes.

Etat-supranational

Au niveau des populations sénégalaises, la même ambiguïté est observée. Ceux qui critiquent la France d’une façon acerbe se précipitent là-bas à la moindre occasion, adoptent les modes de pensée et d’action de ces derniers et méprisent parfois leurs concitoyens parce que les regardant selon les prismes des anciens colonisateurs.

Pis, à l’occasion des visites des Présidents français, l’opposition et parfois les forces vives de la société civile en profitent pour dire ce qui ne va pas, comme si l’on s’adressait à un Etat-supranational. On ne peut pas aspirer à l’indépendance et se comporter ainsi à l’égard d’un Etat-tiers.

Tous ceux qui manifestent actuellement, portent des brassards rouges et envoient des messages de protestation à Macron, doivent savoir qu’ils perpétuent le système de domination de la France et de vassalité de notre peuple. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire.
Le Président français promet de prendre en charge nos systèmes éducatifs après la sécurité et bien d’autres choses. Et nous sommes fiers sans prendre conscience du fait que nous ne sommes alors qu’un territoire français d’outre-mer.

Si nous élisons des Présidents incapables de prendre en charge notre sécurité, l’éducation de nos enfants, notre développement économique et la stabilité de notre pays, alors autant nous mettre officiellement sous tutelle. Car, officieusement, nous le sommes déjà.
Et comme la France n’a pas toujours les moyens de sa politique en Afrique, alors d’autres pays occidentaux viennent à la rescousse avec les mêmes motivations et les mêmes méthodes : mainmise sur les matières premières, manipulation des hommes politiques et de la société civile et parfois déstabilisation. Bien sûr, quelques agences de développement agissent sur le terrain, des sortes de bonbons pour ne pas être cruels.
Bien sûr, la coopération est inévitable. Mais quand elle a parfois des allures de conspiration, alors, elle devient vicieuse parce qu’annihilant tout effort réel de développement.

Tout choc entraine usure, comme disait l’autre, et dans cette coopération, ce sont les plus faibles qui en pâtissent.

Autres actualités

10 - Octobre - 2018

Présidentielle 2019 : Ousmane Sonko est en train de réussir un coup de maître

Le nouveau chouchou des Sénégalais c’est Ousmane Sonko. Le leader de Pastef qui, à tort ou à raison se fait passer pour une victime aussi bien du pouvoir que de...

10 - Octobre - 2018

Bonne gouvernance : Le Forum civil interpelle Macky

Lors de sa première conférence de presse depuis le renouvellement de ses instances, le Forum civil est longuement revenu sur les questions urgentes de l’heure comme le...

10 - Octobre - 2018

Madické Niang dévoile le nom de sa coalition

La coalition politique de Me Madické Niag portera le nom de ‘’Madické 2019’’, a révélé le Témoin. La source, informe qu’il...

10 - Octobre - 2018

Meurtre de Mariama Sagna, militante de Pastef LE PROCUREUR ECARTE LA THESE DU «CRIME POLITIQUE» ET CONFIRME LE VIOL

Le meurtre de Mariama Sagna ne revêt aucune connotation politique. Le Procureur du Tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye, Amadou Seydi, est formel. En Conférence de...

10 - Octobre - 2018

Enseignement supérieur privé : Les orientés de l’État exclus

Le Cadre unitaire des organisations des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (Cudopes) a annoncé, mardi à Dakar, avoir...