Sénégal: où est passé le délit d'offense au chef de l'Etat ?

Une grosse bombe à fragmentation a été lâchée par Mr Mamadou Ndoye ex Secrétaire général de la LD-MPT mais le vacarme de la déflagration a été dilué dans l'ambiance de tristesse et de deuil qui frappe la Nation toute entière.

Le chef de l'Etat lui aurait fait une proposition indécente, immorale, une corruption en bonne et due forme : un poste de Ministre conseillé versus des espèces sonnantes et trébuchantes en échange d'un attelage à la fameuse "mouvance présidentielle" (encore un terme fumeux de démagogie) avec à la clé un silence de cathédrale sur la gestion des affaires de la cité. En réalité il n'y a rien de nouveau et ceci n'est pas un scoop, Mr Ndoye nous apprend ce que tout le monde sait depuis Mathusalem. Quel intérêt de nous révéler qu'une Rolls Royce roule plus vite qu'une 2 CV ?

La seule nouveauté dans cette histoire, comme je le disais à un ami à qui je suggérais de consulter le dictionnaire Larousse, c'est que Mr Ndoye nous révèle la nouvelle définition de "la gouvernance sobre et vertueuse". À présent la meute des défenseurs zélés est lâchée et ils font feu de tout bois : Seydou Gueye porte-parole du gouvernement, Abdou Mbow "kirikou" vice-président de l'Assemblée Nationale, le machin de COJER etc... Ils voient en cette sortie fracassante de l'ex-djallarbiste en-chef une calomnie et un mensonge dans la volonté d'affaiblir le chef de l'Etat. Si tant est qu'ils ont raison, il s'agit alors d'un cas avéré d'offense au chef de l'Etat ou pire encore d'une atteinte à l'honneur du chef de l'Etat.

Qu'Attend donc Mr Le Procureur si prompt à embastiller Amy Colle Dieng, Ouleye Mane et autres pour moins que ça, pour actionner ses services ? Le délit d'offense au chef de l'Etat qui a rythmé tout l'été à Dakar, est-il devenu obsolète ? Est-il tombé en désuétude ? Les thuriféraires qui s'échinent à défendre l'indéfendable sont tout simplement dans la logique de ce que j'appelle "Le syndrome des avantages indus". Ils vont rivaliser d'ardeur dans la "défense" de leur bienfaiteur, s'ériger en boucliers, donner des gages de fidélité et de reconnaissance éternelle, pour un seul impératif : préserver leurs avantages indus vaille que vaille. Il n'ya qu'à voir le délire qui frappe ceux qui sont évincés brutalement de leurs strapontins par le chef lors des remaniements pour s'en convaincre. Pauvre Pays !