Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnresty Sénégal: "Le référendum de 2016 n'a pas apporté les changements attendus en matière d'indépendance de la justice"

23 - Février - 2017

Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnresty Sénégal: "Le référendum de 2016 n'a pas apporté les changements attendus en matière d'indépendance de la justice"

Le rapport annuel d’Amnesty international, rendu public hier, fait le point sur la situation des droits humains dans 159 pays et territoires. Pour le secrétaire général d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama, les mêmes préoccupations demeurent depuis plusieurs années.

L’année 2016 a été marquée, selon Seydi Gassama, par la terreur et de terribles souffrances humaines, causées par des guerres et des violations graves des droits humains commises par des Etats et des groupes d’opposition armés dans toutes les régions du monde. Les guerres en Syrie, en Irak, au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie, les exactions de Aqmi et de groupes sortis de son flanc au Sahel, celles de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad ont causé des milliers de morts et mis des millions de personnes sur les routes, à la recherche d’un pays sûr pour eux et leurs familles.

Par ailleurs, il est revenu sur le cas du Sénégal notamment la liberté de réunion, d’expression, l’impunité entre autres sujets. Pour Seydi Gassama, les mêmes problèmes surviennent depuis des années. «Presque toutes les préoccupations soulevées par notre rapport annuel au cours des dix dernières années demeurent. La Constitution adoptée par référendum en mars 2016 n’a pas apporté les changements attendus en matière d’indépendance de la justice et de protection des droits humains», souligne-t-il.

Le rapport a évoqué aussi la position du Sénégal sur la Cour pénale internationale (Cpi) saluée par Seydi Gassama. «Le procès de Hissène Habré a eu lieu au mois de mai dernier. Hissène Habré est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires créées au sein des juridictions sénégalaises. Bien que partageant certaines critiques des Etats africains contre la Cpi, le Sénégal a continué à soutenir cette cour qui est un instrument pour rendre la justice aux victimes des crimes», explique-t-il.

LA LIBERTE DE REUNION, D’EXPRESSION ET D’OPINION

En outre, il dénonce les nombreuses manifestations qui ont été interdites par l’Etat du Sénégal. «Les autorités ont interdit plusieurs manifestations pacifiques de la société civile et de partis politiques et arrêté des manifestants. En Octobre, les forces de sécurité ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser une manifestation pacifique organisée par l’opposition». Pour ce qui est de la liberté d’expression et d’opinion, beaucoup de journalistes ont été entendus puis relâchés. «Des journalistes ont subi des actes d’intimidation et de harcèlement de la part de l’Etat, dans le but de les faire taire ou de les empêcher de relayer des critiques contre le gouvernement. C’est le cas de Mouth Bane et d’Ameth Aidara», tonne-t-il.

Le patron d’Amnesty Sénégal est aussi revenu sur la décision du gouvernement de réprimer les agents de l’administration qui émettent des opinions différentes. «Le gouvernement a continué à réprimer les lanceurs d’alerte et tous ceux qui expriment une opinion dissidente au sein de l’administration. Un membre de la société civile qui demandait des comptes et la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat a subi un harcèlement judiciaire qui, de toute évidence, visait à le dissuader de faire son travail», dit-il.

DECES EN DETENTION ET DES SUITES D’UN RECOURS EXCESSIF A LA FORCE

Le rapport d’Amnesty a révélé aussi que six personnes sont mortes en détention en 2016. «Récemment, un homme est mort dans les locaux du commissariat du Port. Après de longues procédures judicaires, des avancées ont été réalisées dans quatre affaires relatives à des homicides illégaux commis par les forces de sécurité. «Néanmoins aucun responsable hiérarchique n’a eu à rendre des comptes pour n’avoir pas empêché des recours excessifs à la force, et personne n’a été traduit en justice pour des dizaines d’autres cas de torture, d’homicide illégaux et de morts en détention survenus en 2007», affirme Seydi Gassama.

CONDITIONS CARCERALES

Depuis plusieurs années, le surpeuplement et les difficiles conditions de détentions reviennent dans le rapport d’Amnesty. La prison de Rebeuss comptait environ 2090 détenus, pour une capacité maximale de 1600 personnes. C’est ce qui a provoqué la mutinerie de Rebeuss où un détenu a été tué et d’autres lessés. «Dans beaucoup d’autres prisons, les détenus n’avaient pas accès aux toilettes la nuit, les cellules étant dépourvues. Ils devaient faire leurs besoins dans des seaux, en présence des codétenus», déplore-t-il. Malgré ces manquements, Seydi Gassama reconnait que l’Etat a fait des efforts comme le retrait de la rue des enfants, la gratuité de l’acte de naissance à l’état civil et le nouveau code minier qui sera profitable aux populations.

LE CAS DE LA GAMBIE

Pour ce qui est de la Gambie, affirme Seydi Gassama, il n’y a pas de changement. «L’année 2016 a été marquée par de graves violations des droits humains par le régime de Yaya Jammeh, des lois restrictives ont été utilisées pour réprimer la liberté d’expression ; plusieurs journalistes ont été arrêtés et placés en détention. Il leur est reproché de diffuser la cérémonie d’investiture d’un candidat de l’opposition», indique t-il avant de poursuivre : «les nouvelles autorités doivent aussi tenir sans tarder leurs promesses de renforcer l’Etat de droit et de protéger les droits humains en procédant à la réforme de la justice et des forces de défense et de sécurité qui ont été les principaux instruments de la dictature de Yaya Jammeh». Après la publication du rapport, des recommandations ont été faites. Pour cela, Amnesty Sénégal appelle l’Etat du Sénégal à finaliser et adopter le projet de code de l’enfant afin de renforcer le cadre juridique de protection de l’enfance, mettre en oeuvre dès 2017 les mesures annoncées pour améliorer les conditions des détenus et de respecter la liberté d’expression et la liberté de manifestation pacifique.

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