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Seydou Gueye menace

31 - Octobre - 2019

Pour valoriser davantage la communication du gouvernement, le président de la République a fait appel au duo Seydou Guèye–Abdou Latif Coulibaly. Disciple d’Abdourahim Agne, le ministre en charge de la Communication de la présidence de la République, a accepté de répondre aux questions de la Rédaction de Sud Quotidien. Du débat sur le 3ème mandat, à la décision prise par le Chef de l’Etat de signer lui-même toute convention dépassant 2 milliards de F CFA, en passant par l’affaire des 94 milliards, le TER et le BRT. Ce, sans esquive, ni langue de bois !

Monsieur le Ministre, à la suite d’un séminaire sur la communication de la mouvance présidentielle, vous avez décidé de mettre en exergue les réalisations du chef de l’Etat avant toute autre chose. Quel est le but recherché ?
L’option du Président Macky Sall est claire, valoriser l’action du Gouvernement pour donner la pleine mesure de ses réalisations à l’échelle du territoire. Cette ligne de communication répond à un souci simple, parler aux sénégalais de choses utiles en leur expliquant le sens et la portée des grands pas qui ont été franchis depuis 2012 et dans tous les domaines. Autrement dit, il nous faut revenir à la finalité de la communication politique du point de vue des positions du pouvoir, expliquer, donner le sens des actes posés dans la double acception de direction que prennent ces actes ou significations. Nous devons jouer notre rôle, en tant qu’acteurs politiques, de médiateurs entre la complexité des politiques publiques et les citoyens. Et cette posture ne peut pas être celle de l’opposition qui a d’autres enjeux dans lesquels il ne faut pas se laisser entrainer. La communication de la majorité et du Gouvernement doit se conjuguer au temps du Président qui est le temps de l’action et non de la vaine polémique. Les vraies questions, portent sur comment renforcer la politique de création d’emplois pour les jeunes ou l’autonomisation des femmes. Les vraies questions, ce sont les questions d’industrialisation de notre pays, d’équité territoriale et de justice sociale. Les vraies questions portent sur la dynamique de progrès économique à la fois forte, vigoureuse et soutenue. Les vraies questions, c’est le passage du redressement à la transformation structurelle de notre économie pour bien préparer notre rendez vous avec l’avenir.

Les vraies questions, ce sont aussi les réponses quotidiennes apportées aux préoccupations des populations. Excusez moi de céder à l’énumération mais le recentrage de notre communication est articulé autour de la mise en perspective du bilan réalisé au cours du septennat et la vulgarisation du programme Liggeyal eleuk. Et à ce titre, l’option du Président Macky Sall est de placer le citoyen au cœur des politiques publiques. Et notre communication doit être portée par le réel et la rationalité si nous voulons faire œuvre utile.
Le chef de l’Etat, Macky Sall vient de lancer les travaux du BRT, lundi dernier. Quelles sont les garanties pour le respect du délai de 30 mois, pour éviter de revivre les incertitudes qui entourent la date de démarrage effectif du TER ?
Permettez-moi, à travers le BRT de saluer la pertinence de la vision et la haute ambition du Président Macky Sall pour répondre aux défis de demain en terme de mobilité collective et de réponses face aux risques climatiques. La nouvelle connectivité introduite par le BRT entre le cœur de la ville et la banlieue ouest de Dakar, porte véritablement la marque de la modernité. Alors, si le Président a demandé à l’entreprise chinoise de comprimer les délais autour de 25 mois, c’est possible au regard de ce qui a été fait dans le cadre de Ila Touba, compte non tenu du tour de table autour de ce projet avec la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement. C’est vous dire que tous les facteurs et toutes les garanties de succès du projet sont réunis et nous travaillerons à minimiser les risques. Maintenant, par rapport au TER, il y a lieu de lever les équivoques. Ce projet d’envergure est en train de se réaliser dans les délais raisonnables. Le processus de certification n’est pas une simple formalité administrative. Donc, il n’y a aucune incertitude. Les tests de sécurité et de sûreté sont en train d’être déployés et vous voyez tous les jours les techniciens sur le terrain. Le TER et le BRT participent d’une révolution urbaine qui nous propulse dans une autre façon de nous déplacer et de vivre la ville et je suis persuadé que les journalistes seront les premiers à apprécier la pertinence stratégique et l’utilité sociale de tels projets dès leur mise en service.
L’un des prétextes servis pour la suppression du poste de Premier ministre est la nécessité de travailler en mode fast-tract. Pourtant, beaucoup d’observateurs soutiennent qu’il y a une sorte de ralentissement dans l’exécution des dossiers.
Concrètement, quel est selon vous, l’impact de ce fast-tract ? N’est-il pas un slogan de plus à l’image de la «patrie avant le parti» ou la «gouvernance sobre et vertueuse» ?
La suppression de l’échelon intermédiaire du Premier ministre participe d’une dynamique de rationalisation de l’activité gouvernementale pour plus d’efficience dans la mise en œuvre des politiques publiques. Le Président de la République n’a besoin point de prétexte pour procéder à des réformes au regard des pouvoirs que lui confie la constitution. Le Président Macky Sall veut aller plus vite et il a besoin de s’adresser directement à ses ministres pour plus d’efficacité dans la prise en charge des questions nationales. «Fast-tract » n’est ni un slogan encore moins un avatar, mais plutôt un concept de gouvernance qui renvoie à la rapidité, à la sécurité et à l’efficacité de l’action publique. Aujourd’hui, il n’y a aucune contradiction dans le schéma de gouvernance du Président Macky Sall qui est à la fois cohérent et évolutif. Peut-être que certains Sénégalais peuvent avoir l’impression que les choses avancent lentement, mais je voudrais les rassurer en leur disant que ce n’est pas le cas. Le changement organisationnel requiert toujours un temps d’implémentation et d’adaptation avant que notre administration ne devienne une organisation agile.
Un vent de décrispation semble souffler sur le champ politique sénégalais avec notamment les retrouvailles Wade-Macky, suivies de la grâce accordée à Khalifa Ababacar Sall. Toutefois, l’ancien maire de Dakar tout comme Karim Wade restent toujours inéligibles. Peut-on s’attendre à ce que la prochaine étape soit une loi d’amnistie générale ? Le cas échéant, quel pourrait être le deadline ?
A mon sens, il convient de ne pas perdre de vue les vérités judiciaires issues des affaires qui concernent les deux personnalités que vous citez. Elles ont été définitivement condamnées par la justice de notre pays avant d’être graciées par le Chef de l’Etat. Je n’ai pas besoin de revenir sur les faits tellement que les Sénégalais les ont toujours en mémoire. Parler d’amnistie ce n’est point de mon ressort et à titre personnel, cela ne semble pas convenable. Par contre, il faut apprécier à sa juste valeur les actes posés par le Président Macky Sall allant dans le sens d’une décrispation de l’espace politique.

Et, il faut saluer le niveau d’engagement du Khalife Général des mourides Serigne Mountakha Mbacké qui a su jouer le rôle de catalyseur. C’est la preuve que le Président Macky Sall a toujours prêté une attention toute particulière aux sollicitations des autorités religieuses et coutumières du Sénégal. Le Président Macky Sall a posé des actes de haute portée humanitaire. Et, cette ligne constitue une marque de sa gouvernance autant que le sont sa foi au dialogue, et son ouverture aux autres. Et à chaque fois, il a su faire preuve de dépassement pour permettre à des citoyens sénégalais de retrouver le confort familial dans le respect du principe de séparation des pouvoirs.
M. le ministre, certains parlent d’une «terreur» sur la République suite aux limogeages de Sory Kaba et de Moustapha Diakhaté, «coupables» d’avoir soutenu que le Chef de l’Etat, Macky Sall ne peut pas briguer un troisième mandat. Pourquoi le régime chercherait-il à faire du troisième mandat une question tabou ?
Ce n’est pas une question taboue mais vous conviendrez avec moi que quand on est Directeur national ou Ministre, membre du cabinet du Président de la République, on ne peut pas prendre des positions divergentes ou en contradiction avec les lignes officielles. Nous considérons que le Président Macky Sall a été plébiscité par les Sénégalais le 24 février 2019 avec 58,26% des suffrages valablement exprimés. Deux-cent jours après, il est plus opportun d’organiser le débat sur la portée de son projet politique et la déclinaison de sa nouvelle gouvernance ; plutôt que de chercher à poser un débat qui n’a pas sa raison d’être. La ligne est très claire ; toute tentative de dépassement de celle-ci relève d’une posture de défiance. A mon sens cela n’est pas difficile à comprendre car c’est une simple question de cohérence et de responsabilité.
En réaction au limogeage de Moustapha Diakhaté, vous avez déclaré que «la discipline de parti est plus importante que la liberté d’expression». Une telle déclaration ne renvoie-t-elle pas à la pensée unique surtout au sein d’un parti comme l’APR où il est souvent décrié l’absence de plates-formes devant favoriser des débats contradictoires ?
Effectivement la discipline de parti est plus importante que la liberté d’expression pour un membre conséquent d’un parti et loyal envers son Leader. Et il faut nous apprendre respecter les frontières de son parti et soigner notre mode de présence en politique en évitant le bavardage et le jambarisme. C’est ce que j’ai appris durant toute ma vie militante et que je continue d’apprendre dans ma position de pouvoir. Sinon, c’est la porte ouverte à tous abus ou excès.

L’Alliance pour la République est membre de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar qui a porté le Président Macky Sall au pouvoir. Ses membres ne sauraient créer encore moins entretenir la confusion sur des questions sans objet à l’heure actuelle. Aujourd’hui, il est incompréhensible, au moment où le Président cherche à harmoniser la communication de la majorité que des camarades viennent le mettre en mal avec l’opinion. Des camarades qui sont délégataires de sa confiance. C’est incompréhensible. Il ne saurait y avoir de contradiction dans nos prises de position qui doivent découler des axes et de l’orientation définis par le Président Macky Sall.
Le débat sur la succession du président Macky Sall au sein de l’APR et même de BBY est considéré comme très prématuré. A votre avis, quel doit être le moment idéal pour parler de ce sujet ? Quid de la préparation nécessaire du «successeur» du président Macky Sall, si bien évidemment le chef de l’Etat doit s’en tenir à ce dernier mandat ?
Je me refuse d’être dans la conjecture et dans les pactes sur des successions non encore ouvertes. Pour l’heure, un tel débat est en deçà des enjeux et défis de notre pays, au moment où de grandes merveilles sont en train d’être accomplies au Sénégal par le Président Macky Sall. Notre leader a entamé son nouveau mandat qui est celui de la transformation. Ceux qui croient en lui et qui travaillent d’arrache-pied à ses côtés ne se laisseront pas divertir par des considérations d’arrière-garde.
Ne pensez-vous pas que cette polémique autour d’un supposé projet de troisième mandat du président Macky Sall a été amplifié par les limogeages de hauts responsables et les restrictions communicationnelles qui ont été faites sur le sujet ?
Il n’y a aucune restriction communicationnelle ; mais tout simplement une ligne politique qui été dégagée par le Président Macky Sall, une volonté de renforcer la cohérence de la communication de la majorité, en l’organisant mieux, en l’animant de façon permanente et en veillant à son orientation . La ligne éditoriale tracée par Sud ne saurait être déviée par un journaliste sous peine de sanction. Et c’est très clair. Alors, comment ne pas l’accepter pour un parti politique qui a son règlement intérieur et sa ligne de conduite construite à partir d’une analyse concrète de la situation concrète pour parler comme les léninistes.
Le député Ousmane Sonko accuse le régime de manœuvrer pour le rendre inéligible en 2024, dans l’affaire des 94 milliards. Qu’en est-il réellement ?
Parfois le régime a bon dos. Sinon, comment comprendre une telle attitude. Cette affaire a atteint un tel degré d’intensité que les différents protagonistes doivent garder la sérénité. L’accusation doit fournir ses preuves pour démontrer la culpabilité de ses adversaires dans cette affaire qui n’a rien de politique. Le régime n’a aucune position et n’a pas posé aucun acte. Laissons le soin à la Justice de trancher et acceptons le verdict. Entre dénonciation calomnieuse et diffamation, il faut juste souhaiter que les charges soient assez suffisantes pour éclairer l’opinion. Dans tous les cas, acceptons que notre Justice est indépendante et qu’elle est rendue au nom du peuple.
Parlons un peu d’économie avec le classement doing business et le rapport du FMI. Ils sont décriés ou vantés par le régime en place. Mais quelles sont les entreprises étrangères qui sont installées dans notre pays grâce à l’amélioration de l’environnement des affaires ?
Le classement du Doing business est la manifestation la plus éloquente de la nouvelle trajectoire de réforme de notre économie impulsée par le Président Macky Sall. Au titre de la transformation structurelle de celle-ci, des progrès substantiels ont été accomplis dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires et de l’attractivité de notre pays. Et ce dernier gain de 18 places après bien d’autres progressions, découle d’un ensemble de réformes engagées depuis 2012. Aujourd’hui, les réformes mises en œuvre dans le cadre du PAP 2 du PSE, permettront à notre pays de retrouver le Top 10 des pays réformateurs dans les prochaines années. Et, il faudrait lire le dernier mémorandum du FMI pour se rendre compte que notre pays est sur la bonne trajectoire pour atteindre l’émergence. Et c’est cela l’essentiel grâce à la mise en œuvre d’un modèle de développement à la fois endogène et inclusif : le Plan Sénégal Emergent qui donne entière satisfaction
M. le ministre, la question sur la réciprocité du visa est encore remise sur la table. Pourtant, Adama Bictogo était reparti de Dakar avec un chèque de quelques milliards sur le même dossier qui a été finalement abandonné. Idem pour la nouvelle interdiction de l’importation des véhicules de plus de huit ans. Qu’est ce qui explique ces voltefaces ?
Un chèque de quelques milliards ne saurait être un petit chèque et il faudrait le mettre en rapport avec la contrepartie au bénéfice du Sénégal sur le plan des équipements et des infrastructures qui ont enrichi notre dispositif sécuritaire Le défi sécuritaire dans notre espace sahélien se recompose et impose un renforcement des contrôles aux différentes frontières. Les choses changent en permanence et il faut s’adapter aux défis qui se complexifient de plus en plus. Les menaces connaissent des mutations et le risque climatique doit être pris très au sérieux. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre toutes les initiatives prises pour renforcer la sécurité que nous devons garantir aux Sénégalais ou les réponses que nous apportons pour atténuer les risques liés au réchauffement de la planète. Il ne s’agit pas de voltefaces ou de reniement. Mais, simplement de politique sécuritaire pour éviter que notre pays soit une zone de transit du djihadisme violent. Et ça c’est une question essentielle de stabilité de paix pour notre pays.
Il est fait état dans la presse que toute convention dépassant 2 milliards devrait désormais être soumise à l’approbation du Chef de l’Etat qui la signe ou autorise sa signature. Pouvez-vous nous expliquer une telle décision ?
Cette décision est tout à fait normale. Car, ce n’est pas parce qu’on est ministre qu’on peut engager la responsabilité de l’Etat en toutes circonstances. L’approbation du Chef de l’Etat participe d’une gouvernance d’anticipation et de diligence car, le respect des engagements de l’Etat au niveau international est essentiel. C’est vous dire que le Président Macky Sall suit de très près ses ministres et gère avec un soin particulier la crédibilité et les intérêts du Sénégal.

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