Son procès en gestation, Khalifa devant le peloton d’exécution politique

30 - Octobre - 2017

La Justice s’active pour organiser, dans les prochains jours, le procès du Maire de Dakar Khalifa Sall. La Commission ad hoc chargée de la levée de son immunité parlementaire, a déjà été constituée. La procédure va s’accélérer à partir d’aujourd’hui pour ses collègues largement acquis aux prises de position du pouvoir pour remplir la simple formalité de levée, comme c’est le cas de tous les députés dont les dossiers ont atterri à l’Assemblée nationale.

Après quoi, le dossier va atterrir devant la Juridiction de jugement siégeant en matière correctionnelle et chargée de juger le Maire à qui l’on reproche des faits notamment de détournement de fonds publics.

Un procès très redouté par ses proches et par ses avocats. Les uns comme les autres s’activent pour obtenir sa libération, basant leurs initiatives sur le fait qu’il y a déjà un vice de procédure criard qui tient au fait que le Maire, une fois élu député, aurait dû, ipso facto, bénéficier d’une liberté provisoire.
Du côté politique, les mobilisations de ses partisans se multiplient, appuyés par certaines personnalités de la trempe de Me El Hadji Diouf qui a exprimé, ce samedi, toute son indignation.
Ces derniers sont en effet convaincus que le dossier étant politique, seule la pression peut faire desserrer l’étau autour de leur mentor.

Du côté des avocats, on ne chôme pas. L’internationalisation de l’Affaire a été évoquée, étant entendu que, selon eux, rien n’est vraiment attendu des juridictions sénégalaises. La preuve, ils ont ainsi décidé de boycotter les futures audiences.

Tout compte fait, cette situation rappelle les procès de Hissène Habré et même de Karim Wade. Tout indique en effet que le Maire de Dakar ne va plus piper mot. Il va se taire devant ces juges en l’absence de ses avocats, réduisant ainsi ses chances effectivement d’emporter le procès.

Il va sans dire que la bataille de procédure aurait pu permettre au Maire d’espérer engranger des points, mais comme le boycott sera de rigueur, il n’y aura pas d’incident de procédure sur lesquels débattre à moins que la juridiction, comme s’agissant de l’Affaire Habré, ne désigne des avocats d’office.
En tout état de cause, les choses semblent être compliquées pour le Maire. Déjà durant la phase d’instruction, il avait été clair : Pas question pour lui de fournir une quelconque liste des personnes bénéficiaires des montants supposés détournés et qui tournaient autour de 30 millions par mois.

La faille

Cette ligne de défense ne saurait lui permettre de se blanchir, même si par ailleurs, peu importe la destination des fonds, l’essentiel pour l’Accusation est de prouver qu’il y a un détournement de destination. Le fait que des Maires comme Pape Diop, Mamadou Diop, ses prédécesseurs aient déjà annoncé avoir fait de même de la Caisse d’avance, n’arrange pas pour autant le prévenu. Les adversaires de Khalifa semblent avoir, avec la Caisse d’avance de la mairie, trouvé la faille pour neutraliser l’homme qui s’est rebellé contre son mentor Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste, un allié sûr de Macky Sall, fragilisant en même temps le camp présidentiel.

La concomitance des faits donne un arrière-goût de bataille politique à une affaire judiciaire. Ceux qui pensent que si le Maire était encore dans la mouvance présidentielle il ne serait pas inquiété, sont nombreux. Et ils n’ont pas forcément tort.

On connait les méthodes des hommes politiques sous nos cieux, très prompts à travailler à neutraliser leurs adversaires à l’aide d’une Justice complaisante qui a du mal à s’affranchir du pouvoir politique.

La réalité pour beaucoup de Sénégalais est que Khalifa Sall sera conduit au peloton d’exécution politique. La stratégie est d’étouffer cette volonté d’être candidat à cette présidentielle, étant entendu qu’il représente un certain ‘’danger’’ pour le camp d’en-face qui a peur plus que tout du second tour.
Dans ces conditions, même s’il est indécent de pronostiquer en matière de Justice, on peut penser qu’il en sortir difficilement indemne.

Disons, comme Jean Félix Paganon, pour le procès Karim qu’’’il sera difficile qu’il ne soit pas condamné’’. Le but ultime est de le rendre inéligible pour espérer gagner des élections avant l’heure.

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