Sortie du Cemga sur la traque des criminels de Boffa : Quand l’Armée exerce des pouvoirs de police

12 - Janvier - 2018

Le Chef d’Etat-major des Armées (CEMGA), le général de Corps d’armée Cheikh Guèye, a fait une sortie hier pour faire le point sur la traque des criminels qui ont assassiné 14 personnes et en ont blessé 7 autres dans la forêt de Borofaye samedi dernier.

Peu d’informations concrètes ont été distillées par le patron de l’Armée comme il fallait s’y attendre. Tout au plus, le Cemga a réitéré la détermination de son service à assurer la sécurité des biens et des personnes en traquant, en arrêtant et en neutralisant les coupables.
Cette sortie participe ainsi de la bataille psychologique avec un double objectif : tranquilliser les populations locales et semer la panique dans les rangs des malfaiteurs.

Il est en effet clair qu’il est rare que des Cemga se prononcent sur des faits de crime, y compris dans des zones de conflit. Dès lors que la Gendarmerie est sur place, nous pensions que le Procureur général pourrait se charger de la communication.

Mais, depuis le début, l’Etat du Sénégal dans sa détermination à arrêter les criminels, a procédé à deux initiatives : Actionner et l’Armée et la Gendarmerie.
Cette sortie du Cemga a le mérite de nous renseigner sur le fait que c’est l’Armée qui mène les opérations, étant entendu que la Gendarmerie dépend de du Ministère des Forces Armées.

Il va de soi que dans une zone de conflit comme la Casamance, on n’a pas besoin de décréter l’état de siège pour donner à l’Armée des pouvoirs de police, c’est-à-dire celui d’enquêter et d’arrêter des criminels.

Il en est ainsi, le Cemga l’a clairement dit : ‘’les responsables seront traqués et traduits devant les tribunaux, car “force doit rester à la loi”.

Dans ces conditions, il est important qu’une quelconque forme de ‘’raison d’Etat’’ n’entrave un processus déjà en gestation au niveau de l’Armée.
Il va de soi que dans un conflit aussi vieux que celui de la Casamance, l’Armée est loin d’être le seul acteur de la pacification. D’autres interviennent à plusieurs niveaux. Ces interférences entre acteurs pourraient pousser l’Etat à limiter les prérogatives des militaires, compte tenu du caractère sensible du conflit.

Ce que nous voulons dire par là, est que si l’Armée exerce ainsi des pouvoirs de police, il faudrait qu’elle ait toute la latitude d’agir. Nous ne voulions pas que les raisons liées à l’opportunité des poursuites qui limitent parfois le Parquet dans ses missions, obstruent cette belle détermination de nos militaires.

Quand en effet Pierre Goudiaby Atépa annonce publiquement connaitre les auteurs de la tuerie, il résout l’enquête à sa manière. Un tel homme ne saurait se soustraire à sa responsabilité d’en donner les noms au risque de tomber dans le délit de dissimulation de preuves ou autres de ce genre.

Mais depuis sa déclaration fracassante, c’est le silence-radio à ce propos. D’autant plus qu’Atépa avait aussi accusé l’Etat de connaitre les criminels.
Tout pour dire que la déclaration du Général Cheikh Guèye ne saurait obéir seulement à la nécessité pour l’Etat de gagner la bataille psychologique.
La tuerie de Boffa a révélé des paramètres qu’un journaliste responsable se garderait d’exploiter. Mais les enquêteurs eux, doivent être totalement libres d’agir si nous voulons que la vérité jaillisse.

Si c’est ce message que le Général a bien voulu nous délivrer, nous sommes preneurs. Au cas contraire, on devra se contenter des déclarations d’intention et dans peu de jours, laisser tout tomber dans la forêt de l’oubli.

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