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Suppression poste de PM: Une décision qui cache mal un malaise

08 - Avril - 2019

Le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, démissionnaire, a été reconduit dans ses fonctions non sans des précisions assez importantes et qui ont surpris tous les Sénégalais : Il a été nommé Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence, et la fonction de Premier Ministre va être supprimée dans les prochaines semaines après que les procédures législatives appropriées aient été engagées et réussies.

Une surprise de taille parce que ni dans son discours d’investiture du 02 avril ni dans celui du 03, il n’a été question de cela.

Les explications apportées par le Pm lui-même qui donne la nouvelle est qu’il « est venu un temps nouveau, le temps d’un mieux d’Etat pour rapprocher justement l’administration des administrés, comme le Chef de l’Etat en parle très souvent à travers le concept d’administration de développement ».

Nous connaissons en effet ce slogan cher à l’ancien Président Abdou Diouf : ‘’mieux d’Etat, moins d’Etat’’. Il semble que Macky se soit approprié ce slogan. Pourtant, cette décision, cache mal un malaise.

Au regard des apparences et des indices concordants pour ce qui est des relations entre Macky et Boun Abdallah, il nous semble qu’il n’y a pas l’ombre d’un nuage et que le Pm a exécuté sa tâche avec fidélité et loyauté. Il semblait à tous les Sénégalais que la coordination du Gouvernement a été bien assurée et que le Pm a incarné ce rôle de fusible pour le Président, en allant au charbon, parfois même avec excès de zèle.

Toutefois, dans l’exposé des motifs de la suppression future du poste de Pm, il a été bien dit que le Chef de l’Etat souhaite ainsi « commencer les grandes réformes administratives par déjà le haut de l’exécutif », avec comme finalité de « diminuer les goulots d’étranglement pour que l’information circule davantage, pour qu’enfin, toute la grande ambition que porte le président Macky Sall à travers le PSE, qui est le soubassement programmatique de son action pour ce mandat, ait davantage d’impact ».

Parler de l’existence de ‘’goulots d’étranglement’’, c’est faire l’aveu de survivance de dysfonctionnements qui peuvent entraver la marche des choses. C’est reconnaitre que le rôle d’intermédiaire ou d’interface du Pm n’a pas toujours été un succès.
D’ailleurs, c’est ce que l’on avait pressenti quand Abdoul Mbaye et Aminata Touré avaient été remerciés. Là aussi, tout semblait aller pour le mieux car, jusqu’ici, rien n’a filtré sur ce qui s’est passé et surtout sur ce qui a frustré le Président de la République dans la gestion de ses relations avec les anciens Premiers Ministres. Idem, pour le cas Boun Abdallah.

Nous savons en effet qu’il est risqué pour Macky de devoir travailler directement avec ses Ministres, d’aller au charbon et de devoir être le cuisinier et le serveur. Donc, s’il a dû se résoudre à faire ce choix, c’est que les dysfonctionnements ont persisté malgré la longévité de Boun Abdallah et sa fidélité au Président.

Néanmoins, comme l’a annoncé le journaliste chroniqueur Moustapha Sow dans l’émission Actu-Média de dimanche sur Rewmi FM, en sa qualité de Secrétaire général du Gouvernement et en l’absence de Pm, Boun Abdallah pourrait, du fait même de ces pouvoirs d’attribution, assumer les tâches de coordination de l’action gouvernementale. Et dans ce cas de figure, il sera toujours une sorte de Premier ministre sans en porter le titre.

En tout état de cause, la tâche pourrait être ardue pour les Ministres à venir car le Président sera beaucoup plus exigeant avec eux et va devoir les évaluer, personnellement et quotidiennement.

Une situation qui augure de remaniements qui risquent d’être fréquents car, il ne sera pas toujours facile de trouver l’homme ou la femme qui a le profil de l’emploi et qui est en plus imbu des qualités humaines et politiques nécessaires. Car, les bons politiques ne sont pas forcément de bons travailleurs et pourtant, Macky aura besoin de ces deux qualités réunies au sein d’une même personne.

En tout état de cause, la suppression annoncée du poste de Pm peut n’avoir obéit qu’à des calculs politiques.

Le Président peut s’inscrire dans une dynamique de cacher son futur dauphin et de ne mettre en avant aucune personnalité dans le seul souci de faire le bon choix le moment venu, mais aussi de garder la cohésion au sein de son parti et de sa coalition.

Avec ce futur schéma, personne ne pourra se targuer d’être le ‘’successeur naturel’’, étant entendu qu’il est le seul chef à bord.

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