Sur l’axe Koungheul-Lour Escale, au milieu des transhumants

06 - Juillet - 2017

La pluie qui menace a provoqué un petit branle-bas chez le petit groupe assis sous l’arbre. Après un bivouac de quelques heures, il faut faire vite. Ranger les ustensiles, attacher les ânes, rassembler les animaux. La famille d’éleveurs est ainsi obligée de poursuivre un voyage qu’elle avait entamé depuis des jours en direction du département de Linguère (centre-nord).

Quatre jours plutôt, ils avaient quitté la région de Kaffrine (centre), prés de la frontière avec la Gambie, où ces transhumants étaient installés plusieurs mois, attirés par les pâturages les plus cléments.

"Nous partons au Djoloff (dans le département de Linguère). Nous sommes restés 7 mois prés de la frontière gambienne. Nous sommes des transhumants. A la fin de l’hivernage, quand les pâturages commencent à se raréfier au Djoloff, nous partons avec nos familles et nos bêtes à la recherche de meilleurs pâturages", explique l’éleveur Séckou Sène, un Peul malgré un nom de famille à consonance sérère.

"Nous étions installés près de la frontière gambienne. Mais depuis que l’hivernage s’est installé, les paysans ont repris les travaux des champs. Du coup, les terres de pâturage se rétrécissent. Partout, ce sont des champs. Il devient difficile pour un éleveur de faire paître tranquillement ses animaux. Et nous sommes obligés de repartir chez nous d’autant plus que l’hivernage s’est également installé là-bas", ajoute-t-il.

Combien y a y-il de familles d’éleveurs sur la route en ce début d’hivernage ? Difficile d’en indiquer le nombre, selon Séckou Sène. "Les familles sont nombreuses. On ne peut pas dire le nombre exact. Toutes les familles qui avaient transhumé retournent au Djoloff actuellement. C’est un flot continu actuellement".

"Observez le long de la route, lance-t-il, vous en verrez partout. C’est comme ça, c’est le retour au bercail. Des gens quittent le Saloum tous les jours, car ce n’est plus possible de faire l’élevage sur place".

Pour regagner le département de Linguère, ces transhumants passent par la région de Kaffrine via la route Koungheul- Ribo-Escale. Sur cette piste latéritique, bordée d’arbres et d’arbustes, on aperçoit des colonnes de charrettes tirées la plupart du temps par des ânes, transportant valises, ustensiles, lits, matelas, etc.

Il y a également quelques images insolites : certaines charrettes transportent également de petits ânes. Les femmes et les enfants, généralement aux commandes.

Les hommes, pendant ce temps, suivent le bétail. Après des heures et des heures sur la route, progressant à un rythme de caméléon, les familles font halte pour reprendre des forces.

"En général vers 13 heures, nous nous arrêtons. On s’installe sous un arbre. On prépare le repas, on prend du thè. A l’heure de la prière, on prie. Il faut se reposer car la route est très longue. Même les animaux doivent reprendre des forces. Le bétail n’est pas encore très bien nourri, il faut donc ménager les bêtes", explique Djiby Sy.

A la tombée de la nuit aussi, il faut s’arrêter jusqu’au lendemain. Dans ce grand voyage, les femmes jouent un rôle majeur comme en famille en temps ordinaire. Elles conduisent les charrettes, font le repas, s’occupent du bétail.

Coumba Sène se dit habituée à cette vie de transhumant qu’elle mène depuis des années. "Je suis habituée. C’est notre vie", dit-elle servant le thé aux hommes.

Ces familles espèrent arriver à destination au bout de 15 et 20 jours. "En général, le voyage dure entre 15 et 20 jours. Ca dépend de l’état de forme des hommes et des animaux. Le bétail est en ce moment un peu faible. Nous progressons donc lentement, espérant arriver au Djoloff d’ici 15 à 20 jours", explique un autre éleveur, Mamadou Dembel Sène, qui a passé lui aussi plusieurs mois non loin de la frontière avec la Gambie.

Une fois au Djoloff, les éleveurs y resteront jusqu’à la fin de l’hivernage. A chaque jour suffit sa peine, dit l’adage. Pour ces éleveurs aussi, à chaque saison suffit sa peine, sans doute.

En effet, lorsque l’eau et l’herbe commenceront à se raréfier, ils reprendront une énième fois le chemin du Saloum à la recherche d’endroits plus cléments car dans ce mode de vie, l’élevage rime avec transhumance.

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