">

Surpeuplement, déconnexion et pauvreté : La Banque mondiale dépeint un tableau sombre des villes africaines

07 - Mars - 2017

Surpeuplement, déconnexion et pauvreté : La Banque mondiale dépeint un tableau sombre des villes africaines

Les villes africaines connaissent une croissance rapide de leur population. En revanche, la croissance économique est très limitée. La faiblesse des investissements, liée à la pauvreté de l’Afrique, et l’absence d’ouverture sur le monde en sont des causes profondes, selon une étude de la Banque mondiale.
Comment peut-on arriver à une croissance économique, viable et durable dans les villes africaines où le taux d’urbanisation reste très élevé ? C’est la principale question à laquelle des experts de la Banque mondiale ont essayé de répondre dans le rapport intitulé «Ouvrir les villes africaines au monde». Ils sont partis du fait que tous les pays, notamment ceux d’Asie qui sont arrivés à un stade de développement acceptable, l’ont fait à travers une urbanisation guidée et planifiée. «Il faut que l’habitat et le travail soient spatialement liés. Que le lieu de travail soit proche du domicile par des réseaux de transport qui peuvent amener les gens vers ces lieux, soit par la proximité de l’emplacement du lieu du travail», analyse Maskerem Brah­ne, directrice sectorielle du Secteur urbain et résilience en Afrique. Ce qui n’est pas le cas dans les villes africaines, écrit le rapport. Qui montre des villes «déconnectées», caractérisées par une dispersion spatiale. Des structures sont «dispersées» dans de petits quartiers «sans routes adéquates», «ni trans­ports en commun». Les trajets pour se rendre au travail sont longs et coûteux. Ce qui empêche les travailleurs d’accéder aux emplois répartis dans l’ensemble de l’agglomération urbaine.
Dakar fait exception, selon Somik Lall, spécialiste en chef global sur le Développement territorial et spatial à la Banque mondiale. «Dakar a une forme beaucoup plus structurée que de nombreuses autres villes en Afrique de l’Est. C’est une ville avec des boulevards très bien tracés, mais elle ne profite pas de cette situation», estime-t-il.
Denrées alimentaires, 35% plus chers dans les villes d’Afrique
Il y a donc un lien inévitable entre la fragmentation et le coût élevé de la ville pour les travailleurs et les ménages. «Les denrées alimentaires sont environ 35% plus chers dans les villes d’Afrique que dans les autres pays à revenu faible et intermédiaire», note le rapport qui révèle des écarts encore plus grands en matière de logement urbain (55% plus élevés dans les zones urbaines des pays africains par rapport au niveau des revenus) et des transports (42% plus élevé dans les villes africaines, notamment à cause du prix des véhicules et des transports publics). «Globalement, les ménages urbains paient 20 à 31% plus chers pour les biens et services dans les pays africains que dans d’autres en développement», révèle le rapport.
Cette étude faite dans 64 villes d’Afrique en comparaison avec le reste du monde montre également des villes africaines surpeuplées. Le rapport explique ce surpeuplement par le manque d’investissement. Au cours des quatre dernières décennies, le niveau d’investissement est à seulement 20% environ du Pib. Alors qu’en Chine, entre 1980 et 2011, les dépenses d’investissement en infrastructure, logement et immobilier de bureau sont passées de 35 à 48% du Pib, tandis que la population urbaine augmentait de 18 à 52% entre 1978 et 2012. Ces chiffres indiquent que l’Afrique s’urbanise, mais elle demeure «pauvre» et même «plus pauvre» que d’autres régions en développement ayant des niveaux d’urbanisation comparables. En 1968, lorsque les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont atteint un taux d’urbanisation de 40%, leur Pib par habitant était de 1 800 dollars. En revanche, l’Afrique a aujourd’hui un Pib par habitant de 1 000 dollars seulement avec un taux d’urbanisation de 40%.
La Banque mondiale demande ainsi aux villes africaines une plus grande ouverture sur le monde, mais aussi une meilleure planification de l’espace afin de résoudre tous les défis de surpeuplement, de déconnexion et de pauvreté qui les gangrènent.

Autres actualités

13 - Septembre - 2018

Pourquoi la pomme de terre est rare sur le marché

La pomme de terre est devenue rare sur le marché sénégalais. Les ménagères peinent de plus en plus à trouver cette denrée dans les magasins des...

13 - Septembre - 2018

Parrainage : Guy Marius et Cie lancent campagne contre Macky

Les activistes plaident pour le boycott de la loi sur le parrainage. Dans ce sillage, le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp)/France de Guy...

12 - Septembre - 2018

Me Madické Niang-Pds : le divorce a été acté ce mardi

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a lancé en grande pompe sa campagne de collecte de parrainage ce mardi 11 septembre. Cette cérémonie qui...

12 - Septembre - 2018

Barthelemy Dias confie: “Tanor est à l’origine de toutes les manoeuvres contre moi ; j’ai perdu 30 kilos en prison”

Du fond de sa cellule à la prison de Reubeus, Barthelemy Dias s’est confié à certains de ses proches venus lui rendre visite. Le maire de Mermoz Sacré-Coeur...

12 - Septembre - 2018

«Karim Wade sera de retour au Sénégal dans les prochains jours (Oumar Sarr)

Ceux qui pensaient que Karim Wade ne sera pas de la partie lors de la prochaine élection présidentielle. En effet, le Secrétaire général national-adjoint du...