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Thémis souillée par la politique: Qui pour nettoyer les écuries d’Augias ?

19 - Juillet - 2018

Décidemment, la Justice sénégalaise va à vau l’eau. Ce qui a choqué depuis hier, c’est moins le verdict de la Cour d’Appel qui rejette la demande de liberté provisoire de Khalifa Sall que le ‘’revirement’’ du Procureur général qui, par écrit, a défendu le contraire de ce qu’il avait dit ‘’debout’’.

Une situation qui s’explique par l’architecture de notre système judiciaire, bâtie sur la toute-puissance de l’Exécutif à qui le Code de procédure pénal permet de faire des injonctions au Parquet général. Il s’est passé que le Procureur général a dit ce qu’il pense en plaidant et a écrit ce que sa hiérarchie a voulu qu’il écrive. D’où le paradoxe de deux positions contradictoires pour la même autorité.

En réalité, il avait peu le choix : Soit il se pliait, soit il devait démissionner. Les hautes autorités étatiques lui ont montré qu’ils n’appréciaient pas son réquisitoire favorable au Maire de Dakar. Et tout le cela, c’est notre système judiciaire qui le permet.

C’est pour cela que nous avons besoin d’un hercule pour nettoyer les écuries d’Augias. Notre Justice a de tares congénitales et circonstancielles qui en font le bras armé de l’Exécutif qui, au demeurant, n’hésite jamais à en user et à en abuser.

Aujourd’hui, c’est Macky et son régime qui en profitent, demain, un autre l’utilisera contre eux. Et ils seront là à souhaiter que les choses changent. Car, c’était la même chose avec les Wade au pouvoir. Au lieu de changer le cours des choses, en adoptant des réformes structurelles et conjecturelles, ils ont laissé le système à l’état tout en étant conscients de ses imperfections. Conséquence, ils en souffrent aujourd’hui. Karim Wade a été gracié et ‘’exilé’’.

Si nous voulons être un Etat de droit digne de ce nom, il faudra travailler à chasser les politiciens des prétoires où ils n‘ont rien à y faire. Là où ils entrent, ces gens bouleversent les données, manipulent les acteurs et désorientent le système à leur profit. C’est valable dans leurs relations avec les chefs religieux.

Dès qu’une institution est ‘’politisée’’, elle perd sa crédibilité et devient l’ombre d’elle-même. La preuve, l’Assemblée nationale ne représente plus rien, la Justice perd de sa superbe face à des élucubrations d’acteurs qui donnent le tournis aux citoyens.

Un ancien assesseur de la Crei annonce publiquement que Karim Wade peut bel et bien être candidat pendant qu’un autre magistrat, le juge Dème, démissionne, et le Procureur général se dédit.

Qui pour sauver la magistrature pendant qu’il est encore temps ?

Le procès de Khalifa Sall va se poursuivre en appel, dans le fond cette fois-ci, pendant que ses avocats vont se pourvoir en cassation sur le point relatif à la violation de ses droits constitutionnels. Que voulez-vous, ils n‘ont que cette arme : la Justice. Ils ne peuvent rien contre l’Etat, malgré tout ce qui vient de se passer.

C’est pour cela que la Justice doit rester forte. Chargée d’arbitrer les relations contradictoires entre citoyens et surtout entre prétendants aux postes de pouvoir, celle-ci doit rester à équidistance de ses administrés. Elle doit inspirer confiance, en étant impartiale et indépendante. Elle ne saurait être aux ordres.

Malheureusement, au rythme où vont les choses, elle sera de plus en plus perçue non pas comme un contre-pouvoir, mais comme un ‘’contre-peuple’’.

Certes le droit sans la force n’est rien, mais la force sans le droit n’est que tyrannie. Si les tenants de la force s’appuient sur la Justice pour s’approprier le droit, la vérité, nous serons dans un Etat d’exception où nous serons tous en sursis.

Nous ne pouvons, dans un Etat comme le Sénégal, laisser s’instaurer un délit de lèse-majesté par l’engagement politique contre lui. La démocratie a ses exigences et la première de celles-ci, est de laisser s’exprimer librement les opinions et les divergences. L’opposition est nécessaire dans ce jeu et ceux qui se targuent d’avoir un bilan ne devraient pas avoir besoin de la Justice pour se faire remorquer. Ces solutions de facilité ne passeront jamais et tôt ou tard, les uns et les autres devront se rendre compte qu’ils avaient fait fausse route.

Aujourd’hui, une fois au pouvoir, tous ceux qui vous entourent vous disent ce que vous voulez entendre et vous présentent trop souvent comme un surhomme. Si vous jouez le jeu et en acceptez les règles, ils diront de vous que vous êtes un demi-dieu.

Mais lorsque viendra la chute par ailleurs inévitable, ce sont ces mêmes personnes qui s’attaqueront en premier à vous et à votre famille.

Jetez par exemple un regard sur tous ceux qui critiquent aujourd’hui Abdoulaye Wade…

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