Traque contre Tanor Un ‘’fake news’’

10 - Avril - 2018

Selon certaines informations en vogue depuis quelques jours, Macky serait à la trousse d’Ousmane Tanor Dieng dans le cadre de la traque des biens mal acquis.
Une information que le Ministre de la Justice n’aurait pas démentie formellement quand la question lui a été posée.

C’est dire que, manifestement, on veut nous faire croire que cela entre dans le domaine du possible. Alors que nous savons tous qu’il n’en est rien.
Comment quelqu’un peut-il imaginer que Macky s’en prenne à un allié de la trempe de Tanor qui a lui a été tellement dévoué que son parti politique, puissant et structuré, s’est scindé en deux ?

Mieux, Tanor, depuis son compagnonnage avec Macky jusqu’à sa nomination à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) en octobre 2016, n’avait pas assumé de responsabilités connues. Il serait alors traqué pourquoi ? Pour la courte période restée à la tête d’une institution pour laquelle il disposerait d’une caisse noire ? Non, ce n’est pas sérieux.

En réalité, il s’agit d’un ‘’fake news’’, c’est-à-dire d’une fausse ou d’une information truquée dans le souci de faire fléchir l’opinion dans un sens voulu.

En effet, il s’avère que depuis la condamnation de Khalifa Sall à 5 ans de prison et à une amende de plus de 5 millions, le ‘’feed-back’’ (retour ou rétroaction selon la cybernétique) que les autorités en ont eu fait peur. La classe politique et la société civile ont très mal apprécié cette condamnation. Elles ont été rejointes en cela par une bonne frange de l’opinion publique qui semble croire au fait qu’il y a eu, dans cette affaire, ‘’poursuite sélective’’, ‘’instrumentalisation de la justice’’, ‘’volonté de neutraliser un adversaire’’, ‘’le recul de l’Etat de droit’’, etc.

Or, le Président de la République ne peut pas ignorer ces kyrielles de réactions d’hostilité à son égard et à l’égard de la Justice dont un magistrat illustre vient de démissionner justement en guise de protestation contre la domestication de l’institution à laquelle il appartient.
Et comme nous sommes dans un contexte de précampagne électorale, bien sûr avant la lettre, le souci alors de tout conseiller en communication est de renverser la tendance en frappant fort.
Et ‘’la traque contre Tanor’’ serait un excellent moyen de démontrer que les poursuites n’épargnent personne dans un souci justement de faire tomber la tension, même si les Sénégalais ne tarderont pas à découvrir qu’il n’en est rien. Entre temps, ils auront oublié et les feux de l’actualité seront braqués ailleurs.

Le procès contre Barthélémy Dias obéit en partie à cette dynamique. Car, il se susurre qu’il est un des rares dans l’entourage de Khalifa Sall à pouvoir mobiliser les troupes et sa neutralisation devient alors importante aux yeux des autorités. Et comme il a prêté le flanc, il ne pouvait pas ignorer qu’il sera inquiété.

Heureusement pour le régime, l’incapacité des partisans de Khalifa Sall à organiser la riposte politique fait que la pilule de la condamnation semble passer. Mais, ce que les autorités redoutent maintenant, c’est l’effet induit sur l’opinion qui semble lui être défavorable.

Malheureusement, une ‘’traque contre Tanor’’ est tellement insolite que le concepteur de la manipulation semble ignorer le degré de culture politique des citoyens qui peuvent même parfois anticiper la réaction des dirigeants et deviner le but poursuivi.

Au demeurant, dans un contexte de divergences politiques profondes à cause de certaines initiatives comme le projet de parrainage, le Président a tellement besoin de ses alliés de la première heure qu’il ne commettra jamais l’heure de poursuivre les deux responsables socialistes les plus en vue et de perdre tout l’électorat de ce parti.

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