">

Un juriste prévient contre le risque d’accaparement des semences paysannes

14 - Décembre - 2018

Le juriste sénégalais Pape Meïssa Dieng a alerté contre le risque de voir les semences paysannes devenir des propriétés de firmes internationales semencières et d’instituts de recherches agricoles, les lois semencières actuelles du Sénégal ne reconnaissent pas les semences paysannes.

"Le risque, c’est l’appropriation de ces semences paysannes ou variétés végétales par les firmes semencières et les instituts de recherches du fait d’une absence de dispositif institutionnel, de sauvegarde et de protection de ces variétés végétales contre les firmes semencières internationales", a dit M. Dieng.

Il s’exprimait mercredi à Toubacouta (Fatick), au terme d’un atelier d’information sur le Traité international sur les ressources phytosanitaires pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA), à l’intention d’organisations paysannes venant de plusieurs régions du Sénégal.

"Il reste à mettre en place un dispositif institutionnel et réglementaire pour permettre aux paysans de sécuriser et d’avoir un système de reconnaissance des semences paysannes, dont l’utilisation découle de connaissances transmises depuis des générations", a ajouté Pape Meïssa Dieng, enseignant à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.

Selon lui, les enjeux pour le Sénégal se situent à ce niveau, d’autant que sans ce cadre réglementaire de protection garantissant les droits des paysans d’accéder à ces ressources phylogénétiques, "on se retrouverait dans une situation où nos semences paysannes courent le risque d’être la propriété des firmes semencières" et des institutions de recherche.

Or, "quand on parle d’appropriation, on pense aux brevets, au brevetage de nos ressources phylogénétiques et à ce moment, nos paysans et nos populations propriétaires de cette diversité perdraient tout droit sur ces diversités végétales", a-t-il encore alerté.

L’universitaire rappelle que "le traité TIRPAA permet aux agriculteurs d’avoir le droit de mettre en place un système de reconnaissance juridique des semences paysannes mais malheureusement, ce traité n’est pas fonctionnel au Sénégal malgré que notre pays ait signé et ratifié ledit traité".

"Malheureusement, a-t-il poursuivi, il n’y a pas une prise en charge de cette problématique par le gouvernement et surtout le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural par la mise en œuvre du TIRPAA".

Aussi comme alternative à cette problématique, préconise-t-il "une loi type qui reconnait l’existence, la protection et la validité des semences paysannes comme les semences conventionnelles".

Selon le juriste, les lois semencières actuelles du Sénégal ne reconnaissent pas les semences paysannes alors que 80% des semences utilisées pour l’agriculture sénégalaise relèvent de cette catégorie.

À la différence des semences conventionnels, certifiés par des industries semencières, "les semences paysannes sont des variétés qui ont des qualités nutritives importantes, ces variétés sont très recherchées pour la sécurité sanitaire des aliments", a expliqué M. Dieng.

"Les semences paysannes sont à l’abri de produits chimiques, elles sont sans conditionnement, sans mainmise des industries semencières, sans intrants pouvant altérer leurs propriétés nutritives, c’est ça l’intérêt de sauvegarder les semences paysannes", a-t-il justifié.

Autres actualités

08 - Juin - 2018

Des producteurs de Fatick et Thiès achétent des intrants agricoles par le système d’épargne

L’ONG Catholic relief services (CRS) et My Agro, une unité de fabrication d’intrants agricoles, ont mis à la disposition des producteurs des régions de Fatick et...

07 - Juin - 2018

CMU : 48 596 élèves enrôlés dans les mutuelles de santé de Fatick (gouverneur)

Au total, 48.596 élèves ont été enrôlés à ce jour dans les mutuelles de santé de la région de Fatick dans le cadre de la mise en...

06 - Juin - 2018

Fatick : un quinquagénaire retrouvé mort à Bof Poupouye

Un homme de 54 ans a été retrouvé mort chez lui, pendu derrière sa maison, à Bof Poupouye, un village de la commune de Thiaré Ndialgui, dans la...

06 - Juin - 2018

Fatick : le péril plastique, "un problème de santé publique" (agent)

Le péril plastique est devenu un problème de santé de publique dans la région de Fatick à cause de l’absence d’un dispositif de collecte...

01 - Juin - 2018

Les travaux d’assainissement de la ville de Fatick livrés ’’avant la fin de l’année’’ (DG ONAS)

Les travaux du projet d’assainissement des eaux usées et de drainage des eaux pluviales de la ville de Fatick (ouest) seront achevés "d’ici la fin de...