">

Une justice sénégalaise sous tutelle ?

26 - Avril - 2018

Il y a quelques années, la question aurait été jugée subversive. Le fait de la poser aurait été jugé comme une impertinence portant en elle-même atteinte au respect dû à la Justice. Le procureur de la République rappelle qu'une sanction pèse désormais pour tout contrevenant. Mais si la question de l’indépendance et de l’impartialité de la Justice est remise en cause, c’est en raison du traitement sélectif des dossiers judiciaires.

Une atteinte à l’Etat de droit

Nous constatons que derrière les bâtiments fortifiés de la DIC ou du Parquet, il n'y a pas d'enquêteurs autonomes et que le procureur de la République n'est qu'un fonctionnaire politique. La suspicion est renforcée dans l’opinion publique sénégalaise lorsque le président MackySall, évoquant le principe de l’opportunité des poursuites, avoue avoir gardé sous le coude certains dossiers ou ordonne au parquet des classements sans suite de ces "sales affaires". L'existence de décisions judiciaires régulièrement dictées par le pouvoir politique, et non par les éléments du dossier, est une atteinte à l'Etat de droit. L’indépendance est une interdiction faite au pouvoir politique de s’immiscer dans la magistrature tandis que l’impartialité est une obligation faite au magistrat de juger en toute neutralité l'affaire qui lui est soumise.

Le mythe de David contre Goliath

Le président MackySall qui estsensé être le garant de la justice est en train de détruire le système judiciaire, un des fondements du vivre-ensemble de la République. Toutes les décisions judiciaires sont suspectées ou regardées sous le prisme de la connivence politique. Le motif politique de la condamnation de Khalifa Sall, maire de Dakar anéantit touteobjectivité de la procédure judiciaire. L’interpellation précipitée de Barthélémy Dias, un de ses proches, accusé « d’outrage à magistrat », de « discrédit sur l’ordre judiciaire et une décision de justice », démontre la connivence des relations entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif.On voit, avec plus d’acuité dans le contexte politique pré-électoral combien le discoursgouvernemental se durcit et exige de la Justice d’adopter une réponse pénale toujours plus rapide, toujours plus sévère, toujours plus soucieuse de répondre aux inquiétudes d’un président obsédé par un second mandat.Au détriment d’une justice équilibrée.Force est de constater qu’il y a une main mise sur l’arsenal judiciaire par le pouvoir politique qui bloqueet détourne les règles du droit à son profit.L’institution judiciaire s’est complétement effondrée car elle est de plus en plus empêtrée dans un tissu de relations politiques et d’intérêts qui rend difficile son fonctionnement efficace et impartial. Le mythe de David contre Goliath ne serait qu’une belle histoire contée aux enfants !

Le discrédit de l’Institution judiciaire

La réputation de nos magistrats est mise à mal dans l’opinion, leur impartialité et l’indépendance remises en doute.La justice sénégalaise est à bout du souffle, dépourvue de moyens, saisie par le doute, confrontée au poids des pressions hiérarchiques et politiques. Elle dysfonctionne, avec ses lenteurs et ses corporatismes. Sinistrée,en état d'urgence absolue"la justice sénégalaise est au bord de l'embolie.Le manque de moyens et la pesanteur hiérarchique fragilisent encore plus cette institution et la transforment en une "justice sous tutelle", dont le pouvoir politique s'accommode.

L’emprise du pouvoir politique

Dans une démocratie, l’autorité judiciaire doit être placée à l’abri des tentations de l’exécutif de contrôler les affaires, non pas dans le but de donner aux magistrats davantage de pouvoirs, mais parce que l’indépendance de la justice est une garantie pour les personnes, pour protéger leurs libertés et assurer l’égalité en droits. L'impartialité est au même titre que l'indépendance un élément essentiel de la confiance du public en la justice.Mais nous déplorons la mainmise voire l’emprise du pouvoir politique sur l’appareil judiciaire.

Au-delà des interrogations, des soupçons ou des suspicions, les citoyens sénégalais redoutent que le pouvoir exécutif ouvre une brèche dans le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Les arrestations, les interpellations, les menaces de poursuite et les détentions ne légitiment-elles pas les critiques d'une justice sous contrôle ?le Président « MackySall est-il la fontaine de toute justice ?»

Ibrahima THIAM,
Président du mouvement UN AUTRE AVENIR

Autres actualités

02 - Octobre - 2024

Division spéciale de cybersécurité : Ce que Cheikh Yérim Seck a dit aux enquêteurs

L'ancien journaliste de Jeune Afrique, Cheikh Yérim Seck a été placé, mardi-soir, en garde à vue pour "diffamation" et "diffusion de fausses nouvelles". Ce,...

01 - Octobre - 2024

Taxawu: Moussa Tine se sépare de Khalifa Sall…

Moussa Tine annonce sa séparation avec Taxawu Sénégal, dirigé par l’acteur politique Khalifa Ababacar Sall. Le leader du Parti Penco, qui a lui même...

01 - Octobre - 2024

SENEGAL-MEDIAS-REGULATION / Babacar Diagne annonce son départ de la présidence du CNRA

Le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), Babacar Diagne, a confirmé son départ de la direction de cette instance, à la fin...

01 - Octobre - 2024

"Détournement de plus de 30 millions de francs CFA" : Diéguy Diop convoquée à la Dic ce mardi

Diéguy Diop, ancienne Directrice de la Promotion de l'économie sociale et solidaire, est convoquée ce mardi à 11 heures devant les enquêteurs de la Division des...

01 - Octobre - 2024

SENEGAL-COLLECTIVITES / Kédougou : 295 millions francs CFA investis par le Pacasen entre 2022 et 2024 (secrétaire municipal)

Le Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (Pacasen) a investi 295 millions de francs CFA dans la commune de Kédougou (sud-est), entre 2022...