Visite d’Emmanuel Macron à Dakar- Entre honneurs et horreurs : Le contexte s’y prête-t-il réellement ?

01 - Février - 2018

Le président de la République française, Emmanuel Macron est attendu le 1er février à Dakar, pour une visite de 48 heures. Le Chef de l’Etat français, annonce-t-on, échangera sur la coopération économique, la sécurité de la sous-région, la question de l’accès à l’éducation... Toutefois, sa visite s’effectue dans un contexte tumultueux, avec la reprise des revendications syndicales, des grèves répétitives pour divers motifs et une contestation franche et massive contre la tenue des rencontres des francs-maçons…

Le Sénégal, pays hôte du Président français, Emmanuel Macron est-il, dans les meilleures dispositions pour l’accueillir ? La venue du Chef d’Etat français coïncide avec une recrudescence de plusieurs situations de contestations très troublantes.

Sous ce registre de faits, symboles de crise ou de tension figurent, les assassinats lâches des coupeurs de bois dans la zone de la Casamance naturelle, la reprise des revendications syndicales, les contestations politiques de l’opposition (audit du fichier électoral, distribution des cartes d’électeurs et le procès du Maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall…). Et du côté social, des sorties périodiques et fréquentes sont enregistrées de temps à autre sur le territoire national. Certains, au motif d'un ras-le-bol caractérisé, réclament un mieux-être ou tout simplement, de meilleures conditions de vie.
Au même moment, l’insécurité galopante et multiforme, à la fois alimentaire et criminelle, découvre-t-on, sévit dans plusieurs départements du pays. En plus du bilan macabre, la bêtise brutale qui le dispute à l’indiscipline notoire des citoyens, expression d’une atrocité indescriptible, occupe souvent l’agenda médiatique du pays.

Ces scénarii de criminalité odieuse ont refait surface de manière subite, dans la zone de la Casamance naturelle (la tuerie récente de Boffa Bayotte). Un acte perpétré, d’après les enquêtes de la police et de la gendarmerie, par des rebelles, bénéficiant de la complicité de populations des villages, proches des lieux du crime.
Même s’il y a des arrestations des supposés impliqués, ces assassinats semble être un signe annonciateur de la reprise du conflit rebelle, datant de plus de 30 ans. La surprise des Sénégalais vient du fait qu’il y avait une accalmie durant une partie du règne des libéraux. Subitement, 5 années après l’arrivée du Président Sall, le feu criminel commence à s'embrasser à nouveau. Qu’est-ce qui se passe ? Personne ne semble comprendre les enjeux nouveaux qui motivent la relance des activités criminelles dans cette zone. Probablement, l’aboutissement des enquêtes engagées, édifieront les Sénégalais.

Volte-face douteux et cocktail explosif
L’autre équation à résoudre réside dans le fait que des croyants sénégalais, s’identifiant à la communauté musulmane; ont élevé le ton à date récente, pour réagir face à la tenue d'une rencontre des francs-maçons à Dakar. Cette fois, l’autorité, semble-t-il, a pris les devants pour éviter une confrontation idéologique ou des affrontements à caractère religieux dans un pays laïc et « stable » d’habitude. Après le décryptage des signaux, le Président, Macky Sall a pris l’initiative d’interdire à temps, ces rencontres contestées des adeptes du monde des ténèbres (francs-maçons).

Suite à cette interdiction, des personnes bien informées, soutiennent que les francs-maçons ont délocalisé l’événement au Congo. Leral qui suivait de très près l’évolution de ces rencontres, prévues dans la capitale sénégalais, a découvert que cette situation de refus, manifestée par des religieux, est arrivée dans un contexte danss lequel, la conscience des citoyens, ne semble pas encore, disposée à recevoir sur le territoire national, des personnes d’obédiences religieuses très douteuses.

Et jusqu’à présent, des réfractaires considèrent que c’est le format de l’organisation de ces rencontres qui a été juste, changé. A la place, ils ont mis en vedette le Président français, dont l'arrivée est prévue à la même date. Sa venue, préviennent-ils, n’est plus ou moins qu’un paravent pour ces rencontres maçonniques à Dakar. Et, ils restent d’avis que les francs-maçons, n’ont rien délocalisé du tout et que l’événement se tiendra comme prévu à Dakar. Certainement, disent-ils, l’arrivée de Macron, servant de prétexte, pourrait faciliter la tenue des activités des francs-maçons au Sénégal, sans crainte de la moindre perturbation.

L’autre axe du mal se trouve dans la revendication syndicale, estudiantine et de celle des travailleurs du public. Récemment, le syndicat des enseignants du Supérieur (Saes) a tenu des rassemblements pour protester. Et une éventuelle sortie des étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop, susceptible de bloquer les grandes artères de la capitale, n'est pas à écarter avec leur gymnastique favorite (Jets de pierres et pneus brûlés).

D’autres syndicats de travailleurs, affiliés à la Cnts, s’étaient massés à la place de l’Obélisque pour exprimer leur souffrance. Sans pour autant oublier, les éboueurs et autres ramasseurs d’ordures qui étaient en grève ces derniers jours. Tout ceci, est une illustration parfaite de la dimension de la tension sociale du pays. « La coupe semble être pleine », se désole-t-on. Le cocktail explosif est bien réel. Et, il peut à tout moment exploser et "gâcher" la visite de Macron.

A ce sombre tableau, il faut ajouter le décor hideux et malodorant de la capitale qui avait changé de visage. Dakar était devenue une décharge à ciel ouvert. Motif, les éboueurs qui ont depuis trouvé un compromis avec le Premier Ministre, avaient tout simplement, décidé de se croiser les bras. Si toutes ces situations de tension, explosent durant le séjour du Président français, on est sûr d’avoir en lieu et place de l’honneur ou de l’hospitalité, de l’horreur.

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