Atelier de renforcement de capacités : Les journalistes à l’école des cultures urbaines
Atelier de renforcement de capacités : Les journalistes à l’école des cultures urbaines
Le traitement de l’actualité ayant trait aux cultures urbaines est rendu difficile par une terminologie peu familière aux journalistes. C’est ainsi que ces derniers, regroupés au sein de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs), ont, à l’occasion d’un atelier de renforcement de capacités, échangé avec des artistes de cet univers d’expressions pour s’imprégner davantage de leur art et réfléchir sur les moyens de rendre leur collaboration plus étroite. La rencontre s’est tenue à la Maison des cultures urbaines à Ouakam.
Les personnes férues de hip hop et de ses genres dérivés sont passées de passionnés de goûts insolites dans l’imaginaire collectif à adeptes d’une nouvelle « normalité » artistique. L’intérêt que lui ont accordé certaines couches et les supports médiatiques a été un facteur décisif dans cette acceptation par le public de ces modes d’expression artistique comme des éléments d’une culture en mouvement. Mais, il s’est souvent posé la question de leur traitement dans la presse. Il est fait cas soit du peu d’intérêt qu’elle leur accorde ou de ses grossières méprises.
Donner aux professionnels de l’information les outils nécessaires à la compréhension de cet art dans son évolution, son langage, ses rythmes et intonations, ses signes et ses mouvements contribue à améliorer la production des journalistes, « à briser des barrières », pour ainsi reprendre Oumy Régina Sambou, présidente de l’Apcs.
Ceptik et Minus (slam), Geebayss (djing), Docta (graffiti), Jojo (rap), Drygun (street wear) et Ben J Breacker (danse) se sont employés à fournir les éléments d’interprétation de leurs pratiques artistiques et ont situé les contextes dans lesquels elles ont vu le jour pour en saisir la philosophie. Ces différentes expressions portent des valeurs qui en font un langage codé d’un temps et d’un univers. L’élargissement de leur champ et l’évolution des formes d’expression font que « les journalistes sont dans une perpétuelle quête, dans une formation continue nécessaire à la production de contenus de qualité qui va au-delà de simples comptes rendus. Le combat pour une meilleure considération de la culture dans les supports médiatiques y trouvera tout son sens et se couvrira de plus de légitimité », a indiqué Mme Sambou. Les relations entre les animateurs du mouvement hip hop et les journalistes ont également été abordées.
Ceptik, Docta et ses camarades ont souligné le peu d’intérêt que les journalistes accordent aux cultures urbaines. La journaliste Bigué Bob a une autre lecture de la situation. Tout en relevant certaines limites, à la fois objectives et coupables, de sa corporation dans le traitement de l’information, elle a déploré la démarche des artistes qui ont tendance à davantage solliciter les animateurs que les journalistes lors de leurs manifestations. Amadou Fall Bâ, administrateur de la Maison des cultures urbaines, après s’être réjoui de « cette rencontre fructueuse », a, quant à lui, insisté sur la nécessité d’entretenir de meilleures relations pour relever le niveau des productions artistique et journalistique. Il a confié qu’un rapport sur cet atelier sera produit pour en faire bénéficier un plus grand nombre. Il est également prévu l’organisation, chaque mois, d’une rencontre dédiée à une discipline des cultures urbaines.