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Bamba Fall et cie : Re-buzz

10 - Janvier - 2017

Bamba Fall et cie : Re-buzz

Ça y est. Tanor a demandé et obtenu la tête de Bamba Fall et Cie dans l’affaire du saccage du siège du Parti socialiste (Ps). Depuis hier, ils vont dormir à Rebeuss, cette fameuse prison de Dakar désormais le « Guantanamo » de nos hommes politiques qui ont eu l’outrecuidance de verser dans le jihadisme politique par des actes ou la parole. Ils vont ainsi longtemps faire le buzz dans les médias étant entendu qu’un long feuilleton politico-judiciaire se déroulera sous nos yeux.
Il en sera ainsi du fait du caractère très politique de l’affaire, de la personnalité des acteurs, mais surtout des soubassements politiques étant entendu que c’est le Ps qui lave ainsi, à grande eau judiciaire, son linge sale, très sale même.
Déjà un de leurs avocats, très procédurier, Me Ciré Clédor Ly, s’en prend au Commissaire central pour demander qu’il soit dessaisi de l’enquête.
Sans entrer dans les secrets de la défense qui a sa propre stratégie, il y a tout de même des faits qui troublent dans cette affaire.
Le premier est la charge d’accusation de tentative d’assassinat. C’est lourd pour ne pas dire exagéré. Comment en effet dire que des jeunes qui ont tenté de saboter une réunion politique pour désaccord par rapport aux orientations de leur Bureau politique, ont eu pour intention d’intenter à la vie de ces leaders?
Pour l’accusation, c’est trop prétentieux. Car, à notre avis, quelle que soit la gravité des faits, il sera difficile de prouver cela.
Et cette donne est d’autant plus intéressante à intégrer qu’il y a des violences plus graves dans des rencontres politiques d’autres partis politiques, notamment de celui qui est au pouvoir, sans qu’il y ait une quelconque poursuite judiciaire ou des accusations allant dans ce sens.
Nous ne répéterons jamais assez que notre système judiciaire souffre incontestablement du lien ombilical entre le Ministère de la Justice et le Parquet général qui détient l’arme redoutable de l’opportunité des poursuites.
En effet, la possibilité pour le Palais, par le biais du Ministère de la Justice, de donner des ordres en vertu du principe d’hiérarchie auquel le Parquet est soumis, fait que les poursuites sont parfois sélectives, discriminatoires et les chefs d’inculpation incohérents et tirés par les cheveux.
Et le calcul des poursuivants est souvent bien simple : soit les détenus ou prévenus sont condamnés, soit ils sont relaxés après une longue période de détention préventive. Et en conséquence, ils savent que le mal aura déjà été fait.
C’est pourquoi nous avons presqu’envie de dire que l’on joue avec l’arme judiciaire.
Surtout que, et c’est cela notre seconde source de surprise, on n’a pas besoin de mettre en détention préventive quelqu’un comme Bamba Fall qui donne suffisamment de garantie de représentativité. Il ne fuira nullement, préoccupé qu’il est à gérer sa Mairie.
Le troisième facteur qu’il nous semble important de souligner, c’est que la complicité par instigation est difficile à établir s’il n’y a pas fourniture de moyens ou aide et assistance.
En termes simples, disons que la culpabilité de Bamba Fall ne sera pas aisée dans un dossier où personne ne l’a vu sur les lieux ce jour-là.
C’est là où le travail des enquêteurs sera très déterminant, mais tout doit se faire conformément aux exigences du Code de procédure pénale en la matière lequel détermine même la cadence des interrogatoires.
En tout état de cause, ce procès ne fera jamais fléchir les pro-Khalifa, convaincus que leur parti doit avoir un candidat en 2019.
Le Sénégal a l’habitude de vivre des épisodes judiciaires de ce genre avec l’emprisonnement de gros bonnets et son cortège de longues heures d’auditions, de pleurs de proches, de déclarations d’avocats pour aboutir à des protocoles ou autres arrangements.
Cela risque d’être le cas pour ce procès de la scission au Ps où rien ne sera plus comme avant.

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