Caisse d’avance de la mairie de Dakar : Khalifa Sall démonte les arguments du procureur
Caisse d’avance de la mairie de Dakar : Khalifa Sall démonte les arguments du procureur
Le maire de Dakar a parlé, hier, avec le cœur meurtri sans déplorer l’attitude du procureur qui, selon lui, voulait le mettre en mal avec la population. Khalifa Sall dénonce « l’instrumentalisation » de la justice pour abattre un adversaire politique.
72 heures après la sortie du procureur Serigne Bassirou Gueye, le maire de Dakar a répliqué hier. Pour Khalifa Sall, dans cette affaire, il n’y a rien d’anormal et il n’a pas violé les textes des collectivités locales dans les dépenses et dans la gestion de cette manne financière. Après la suppression de la tutelle, le maire est devenu entièrement responsable de la gestion des fonds. « Depuis 20 ans, l’Etat a mis en place un dispositif qui permet à la mairie de Dakar de venir en aide aux populations. Ce dispositif dérogatoire permet au maire de dépenser l’argent selon des procédés. Les autorités ont accepté de permettre au percepteur de renouveler la caisse sur la base d’un document administratif.
Ce sont des fonds politiques qui fonctionnent de la même façon que les autres fonds politiques », a-t-il rectifié. Le maire, devant les enquêteurs, a refusé de donner les noms des personnes qui ont bénéficié ces fonds. Pour lui, il ne peut pas violer les règles qui régissent cette aide qui demande la confidentialité totale. « Comment un faux peut exister pendant 20 ans ? Comment peut-on renouveler pendant 20 ans un fonds sans que personne ne le sache ? Si l’Etat ne le voulait pas, ce fonds n’aurait pas existé en 24 heures. Et je refuse de donner les noms des personnes qui ont bénéficié cette aide, je ne le ferai pas », a-t-il prévenu. Sur le rapport, le maire dira que « l’enquête est tronquée… Cette caisse relève d’une caisse politique. Une caisse d’avance ne dépasse pas 5 millions. A la ville de Dakar, nous avons huit caisses d’avance… Si je voulais magouiller, j’aurais choisi mes hommes à certains postes et effacé les fonctionnaires de l’Etat qui ne me sont pas favorables. »
Les 30 millions par mois
Selon l’édile de la capitale sénégalaise, « le Procureur de la République dit qu’on me remettait, chaque mois, 30 millions F Cfa. Mais c’est faux ! Ces fonds étaient répartis en trois grands chapitres. Puisqu’ils violent la confidentialité, nous allons vous remettre les documents. Ce que le Procureur ne sait pas, c’est que le maire ne mettait pas ces fonds dans sa poche et se mettait dans la rue à les distribuer ». Toutefois, avertit l’édile socialiste, «je refuse qu’on jette à la vindicte populaire le Percepteur et le Daf de la Mairie de Dakar. Et j’assume l’entièreté de ma responsabilité. J’étais l’administrateur de ces dépenses ». A ses détracteurs, l’édile de la capitale sénégalaise de dire : « je sais ce que je gagne. Ce n’est pas la Mairie qui est à l’origine de mon patrimoine.
Moi, j’ai des activités qui me permettent de gagner honnêtement ma vie. Et je peux justifier l’origine licite de tout mon patrimoine ». Khalifa Sall de jeter une grosse pierre du côté du Palais en ces termes : « le Président de la République sait. Nous avons évoqué, ensemble, l’affaire de cette Caisse d’avance. Que l’on ne me pousse pas à bout parce que ce que le procureur a voulu faire, c’est me mettre en mal avec la population. »
Khalifa craque et fond en larmes
L’émotion était à son comble. En plein conférence de presse, le maire de Dakar a craqué et versé de chaudes larmes, et pour cause. Khalifa Sall dit avoir été traîné dans la boue dans le cadre de la Caisse d’avance de la Mairie de Dakar, pour lequel il est soupçonné de présumées malversations de 3 milliards F Cfa. Après avoir pleuré et interrompu sa conférence de presse pendant un long moment, l’édile de la capitale sénégalaise de reprendre le micro.
«Je m’excuse auprès de vous. Cela ne m’arrive pas souvent de me mettre dans cet état mais, ce matin, c’est ma maman qui est malade», dit-il. Avant de renouer avec ses chaudes larmes. «Il y a des choses dont on m’accuse, mais je voudrais dire à mes semblables que je suis quitte avec ma conscience. J’ai essayé d’être irréprochable. Je peux vous dire comment j’ai gagné ma vie », s’est-il lavé à grande eau.