Crise du poisson à Kaffrine : Prix exorbitants et désespoir des familles en plein Ramadan
À Kaffrine, le Ramadan 2025 rime avec une crise alimentaire qui frappe de plein fouet les ménages. Sur les marchés, le poisson, pilier de l’alimentation locale, se fait rare et hors de prix. En cause : un manque criant d’infrastructures de conservation qui exacerbe une situation déjà tendue.
Un marché aux étals clairsemés
Il est midi passé au marché central de Kaffrine. Sous un soleil écrasant, les étals, d’ordinaire débordants de poissons frais, ne proposent que quelques bassines à moitié pleines. L’odeur iodée a cédé la place à une atmosphère pesante. Ibrahima, mareyeur bien connu, ne cache pas son désarroi : « On est démunis. Le poisson arrive en trop petite quantité des côtes, et sans chambres froides ici, on doit tout vendre dans la journée. Sinon, c’est perdu. »
Pour lui, ce problème structurel, jamais résolu, est au cœur de la crise. « Avec la forte demande du Ramadan, on vend cher quand il y en a, mais souvent, il n’y en a pas assez pour tous », explique-t-il. Les pertes potentielles poussent les mareyeurs à gonfler les prix, rendant ce produit de base inaccessible à beaucoup.
Une quête désespérée pour les ménagères
Adji Wagne, ménagère, arpente le marché depuis plus d’une heure, en vain. « Le Ramadan, c’est le moment de bien nourrir sa famille, mais là, c’est impossible. Même quand je trouve du poisson, les prix sont prohibitifs », soupire-t-elle, le visage marqué par la fatigue. À ses côtés, Fatou Dicko et Awa Ndao partagent cette lutte quotidienne. « On vient dès l’aube, mais souvent, il n’y a rien. Et quand il y en a, c’est trop cher pour un repas décent à la rupture », confie Fatou, résignée.
Awa, elle, déplore aussi la qualité : « Sans conservation, le poisson arrive abîmé. Mais faute de mieux, on le prend quand même. » Face à cette pénurie, les alternatives comme la viande (4 000 FCFA le kilo) ou le poulet (3 500 FCFA) restent tout aussi inabordables pour des familles déjà à la peine.
Une solution urgente : des chambres froides
Pour Ibrahima, la réponse est évidente : « Des chambres froides à Kaffrine permettraient de stocker le poisson plusieurs jours et de stabiliser les prix. » Il appelle les autorités locales et nationales à investir dans des infrastructures modernes. « Sans ça, la souffrance continuera. On a besoin d’actions, pas de paroles », insiste-t-il.
Un Ramadan sous tension
Alors que la journée s’achève, les derniers poissons se vendent à prix d’or sous un soleil brûlant. Pour beaucoup, la rupture du jeûne se fera avec peu, dans l’attente d’un miracle avant la fin du mois béni. À Kaffrine, entre désespoir et résilience, la crise du poisson met les familles à rude épreuve, révélant l’urgence d’une solution durable.