Hommage du Festival du cinéma d’auteur de Rabat à Sembène Ousmane, "un patrimoine universel"
La 23e édition du Festival international du film d’auteur de Rabat (16-23 novembre) a rendu hommage au cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, dont l’œuvre représente "un patrimoine universel", estime Hammadi Gueroum, son directeur artistique.
"Le patrimoine de Ousmane Sembène est un patrimoine qui n’est plus africain, mais il est universel (…) et Ousmane Sembène, on a besoin de le faire voir aux jeunes", a-t-il dit.
Il intervenait lundi lors d’une table ronde intitulée "Le cinéma de Sembène Ousmane", une manifestation au cours de laquelle l’œuvre de "l’’Aîné des anciens" a été mise en lumière au Musée d’art contemporain Mohamed VI.
Selon le professeur Maguèye Kassé, l’un des animateurs de la table ronde, "il y a une couche sociale sur laquelle Sembène a fondé beaucoup d’espoir, à savoir la jeunesse africaine visible dans Emitaï (1971) et Guelewar, parce que c’est elle qui est porteuse d’espoir".
M. Kassé, représentant le directeur de la cinématographie du Sénégal à ce festival, s’est réjoui de cet hommage consacré au réalisateur sénégalais qui a marqué le cinéma africain.
A l’en croire, Sembène, décédé en 2007, "est toujours présent par son engagement, sa technique et par tout ce qui a fait de lui l’un des cinéastes les plus populaires" du continent africain.
Il a surtout relevé l’"absence de dichotomie" entre la littérature produite par Sembène Ousmane et certains de ses films qui en font l’écho.
Le rôle des femmes et leur place dans la filmographie de Sembène ainsi que son rapport avec la critique ont été soulevés par différents intervenants lors de cette rencontre.
L’universitaire et critique marocain Rochdi Almanira, a de son côté salué "l’engagement politique" du réalisateur de "Xala" (1975).
"Sembène Ousmane est plus qu’un cinéaste, a-t-il dit, c’est un intellectuel qui s’engage et crée la polémique pour débattre, dévoiler, dénoncer et mieux vivre pour que l’Afrique relève la tête parmi les nations et parler au monde".
Pour lui, le fait que Sembène ait choisi de rester en Afrique et de ne pas s’expatrier en Europe, pour mieux "parler aux lycées, à monsieur tout le monde est une position politique" à saluer.
Son compatriote Rochdi Almanira, également critique de profession, a souligné le thème de l’altérité et la déconstruction dans l’oeuvre du défunt cinéaste sénégalais.
Aussi s’est-il dit bouleversé par la relecture de l’histoire coloniale dans le film "Camp de Thiaroye" (1988) de Sembène Ousmane, qui a-t-il dit l’a "tellement mis en colère".
Le réalisateur éthiopien Hailé Guirima, président du jury du Festival du cinéma d’auteur de Rabat, évoquant Sembène dans sa leçon de cinéma, a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de se doter d’un cinéma "autonome".
A l’occasion de cet hommage à Sembène, le public de la 23e édition du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat a pu voir les films "Le Mandat" (1968) et "Moolaadé" (2004), deux films projetés hors compétition samedi et dimanche.
Quatorze films arabes, africains et européens sont en lice pour le Grand prix du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat, qui sera clôturé jeudi.