La restitution des biens culturels fait "ressurgir l’idéologie coloniale" (historien)

29 - Novembre - 2018

L’historien sénégalais Ibrahima Thioub s’est élevé contre les interrogations sur les capacités des Africains à conserver leurs biens culturels actuellement exposés dans des musées en France, évoquant à ce propos une résurrection de l’idéologie coloniale

"Ce débat montre la négativité du système colonial. Le sujet d’actualité qui est la restitution des biens culturels, dont une grande partie a été spoliée pendant la période coloniale fait ressurgir l’idéologie coloniale, consistant à s’interroger sur la capacité des africains à conserver ces œuvres si on les leur restitue", a-t-il notamment argumenté.

Pr Thioub, recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’adressait mercredi à des journalistes en marge de la cérémonie de lancement du livre "Si l’école de médecine africaine m’était contée", du professeur de cardiologie, Abdoul Kane.

Les universitaires français et sénégalais, Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, ont remis vendredi un rapport au président français Emmanuel Macron, qui leur avait demandé en mars dernier d’étudier la possibilité d’une restitution aux pays africains de leurs biens culturels se trouvant aujourd’hui dans des musées français.

Les deux experts ont suggéré notamment de modifier le code du patrimoine pour permettre la restitution d’objets africains dans le cadre "d’accords de coopération culturelle" entre "l’Etat français et un Etat africain".

En France, certains conservateurs et historiens ont relevé "le mauvais état" des infrastructures culturels qui pose un problème de conservation des œuvres.

"Au moment de restituer ces biens culturels, on soulève un faux débat sur la capacité des Africains à les conserver. Les africains ont montré qu’ils sont capables de les conserver parce qu’ils les ont produit et ont conservé pendant des siècles avant que la violence coloniale ne s’en empare", a a réagi le professeur Thioub.

"C’est une fausse question qui montre l’arrogance de l’idéologie coloniale. Les sociétés africaines, les Africains, ont produit ces œuvres, les ont conservées pendant des siècles, la conquête coloniale par sa violence abrupte a capté ces biens culturels alors qu’ils n’étaient pas destinés à des musées", a encore réfuté l’universitaire sénégalais.

"Si ces biens appartiennent aux africains, de quoi se mêle-t-on de savoir s’ils savent les garder ou non (...)", s’est-il demandé. .

"L’Occident a mortifié ces oeuvres dans les musées, nous allons leur rendre la vie, si ces biens nous sont restitués", a-t-il ainsi promis.

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