Leadership officiel de Karim retardé : l’erreur du Pds

08 - Février - 2018

Le candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Meissa Wade, en ‘’exil’’ au Qatar, n’est pas si absent des activités politiques au niveau national.

Nous apprenons en effet qu’il ‘’demande l’implication active de toutes les fédérations, tous les mouvements de soutien et de toutes les organisations affiliées de la région de Dakar pour une véritable démonstration de la volonté de notre peuple à défendre la démocratie, les principes d’Etat de droit, en vue d’élections libres et transparentes en 2019’’, nous rapporte un de ses proches.

Bien sûr, cette déclaration a été faite dans un contexte d’échec des concertations nationales sur le processus électoral, qui ont buté sur certains points pourtant importants comme le cautionnement, le bulletin unique, la rationalisation des partis politiques, etc.
Alors, Karim se comporte manifestement comme le libéral en chef alors qu’il n’est que le candidat déclaré dans le cadre de l’organisation de consultations internes pour le désigner.

En fait, si Karim est candidat, ce serait la première fois qu’un cadre du parti qui n’est pas secrétaire général le soit. Et à mon avis, c’est là où il fallait commencer.
Au lieu d’organiser des primaires pour désigner un candidat qui, de facto, va s’ériger en leader du parti, il fallait un congrès ou quelque chose de semblable, assez démocratiquement organisé, pour désigner officiellement Karim Meissa Wade SG du Pds.

Car, il semble clair, aux yeux de beaucoup, que la ‘’dévolution monarchique’’ au sein de l’appareil du parti a été faite, de facto. La preuve, tous ceux qui ont boudé, de Souleymane Ndéné Ndiaye à Papa Samba Mboup, en passant par Fada et autres, l’ont fait d’une certaine façon pour cette raison-là.
Ceux qui n’aiment pas trop que ‘’le gosse’’ les dirige à la suite du père, ont trouvé un prétexte pour prendre la tangente, parfois vers les prairies marrons. D’ailleurs, une vraie saignée a été observée à cet effet.

Alors, il ne servait à rien de retarder une réalité qui était déjà en marche et produisait des effets parfois négatifs.
Conséquence, le Pds vogue depuis lors dans des eaux troubles en donnant l’impression de n’être pas vraiment gouverné. Omar Sarr déploie un leadership contesté, Wade-père vieux, s’occupe de certaines questions essentielles, entouré par un noyau qui ne voit aucun inconvénient à ce que le relais soit passé à Karim.
Pendant ce temps, ce dernier, du Qatar, harangue les foules sans vraiment en avoir la légitimité.

C’est ce flou qu’il fallait éviter. Le leadership en politique suppose la prise de position claire et courageuse à chaque fois que de besoin, en évitant surtout, comme dans les guerres, de donner l’impression aux troupes que le commandement est défaillant.
Tous les soucis du Pds viennent de là : Un candidat-leader qui n’a pas encore été vraiment officialisé, un Sg âgé et absentéiste, un coordonnateur qui ne fait pas l’unanimité et des adversaires qui ne leur laissent aucun répit.

Quel parti pourrait survivre à de telles contradictions ?

Et il n’y a personne pour penser que Wade-père n’est pas éternel et que le jour qu’il aura disparu, la tâche pourrait être plus rude pour Karim.

Or, si le parti lui avait été confié à l’image de ce qui s’est passé pour la candidature, il aurait pu avoir assez de coudées franches pour décider de la conduite à tenir, même du Qatar. Et il n’y aurait eu plus de mal qu’il y a actuellement.
C’est vrai que c’est loin de l’image que l’on se fait de la démocratie interne dans les partis politiques, mais quelle est, au Sénégal, la formation politique qui l’applique ?

Chez nous, si vous créez un parti politique, tout se passe comme s’il entrait dans votre patrimoine. Et un patrimoine, on peut le confier à son fils qui est souvent la seule personne qui est vraiment de confiance. C’est juste le message que Wade-père a voulu faire passer, mais il s’y est mal pris.
Karim n’est pour le moment qu’un candidat. Or, un candidat doit attendre les élections pour donner des ordres.

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