Macky et sa justice ratent l'occasion
Si notre pays avait suivi la Cour de justice de la CEDEAO, il subsisterait quelques lueurs d’espoir - Hélas, le juge Kandji n’a pas osé mettre fin aux dérives de Macky Sall et de ses péroreurs zélés
Dans un ouvrage collectif écrit par huit jeunes Sénégalais, paru cette semaine aux éditions L’harmattan et intitulé « Sen Njaxas. Cocktail citoyen. », ces mots suivants m’ont particulièrement marqué : « l’homme politique sénégalais ressemble à ce piètre metteur en scène sans génie, incapable même de loufoqueries amusantes, mais qui a un public que tout distrait et qui ne lui formule aucune exigence. Le drame de ce peuple n’est pas d’élire des hommes politiques qu’il mérite. Sa tragédie est de placer, en épilogue de son navrant récit, ses bourreaux qu’il célèbre à la manière d’un saltimbanque cherchant obstinément à amuser une foule indifférente ».
Cette dégradante représentation mentale ne changera pas tant que ceux qui doivent dessiner la trajectoire de notre cheminement se comportent comme des vermines, et que ceux qui sont chargés de redresser les torts jouent aux vieux larbins incapables de reconquérir leur plus petite dignité d’homme. La respectabilité d’un notable - même auréolé de tous les dithyrambes des flagorneurs retors de Sa majesté chantant niaisement l’indépendance de « leur » justice - ne se jauge pas à l’aune de son titre. Elle est dans sa faculté de s’attacher à découvrir la vérité et de la dire. Le juge Kandji, lui, l’a trahie parce qu’il n’a pas osé affronter ses aiguilleurs du palais de la nouvelle monarchie pseudo-élective.
La justice sénégalaise n’est pas digne de son peuple. Ce n’est pas la libération de l’imam Alioune Ndao, destinée à la crédibiliser en ces instants troubles, qui dissipera les doutes qui se sont davantage emparés des Sénégalais depuis l’accession à la magistrature suprême de celui qui nous sert de président. Il est en train de semer la haine pour confisquer un pouvoir qu’il perdra dans sept mois. Sans aucun doute ; et quels que soient les subterfuges et tortuosités de Macky Sall et de sa risible administration chargée de s’occuper de la basse besogne ! L’injustice dont est victime Khalifa Ababacar Sall est le nid de tous les ressentiments.
Priver un homme de sa liberté, des enfants de leur père, d’une épouse de l’assistance de son mari, du Sénégal d’un fils digne porteur de propositions destinées à soulager ses compatriotes de leurs souffrances, est d’une inhumanité déshonorante surtout venant de quelqu’un qui crie urbi et orbi avoir été victime d’une injustice dans un passé récent. Quelle minuscule injustice ! On lui avait juste enlevé la sucette que suçote actuellement son papy Niasse dont le silence, comme celui d’Ousmane Tanor Dieng, est ignoble.
Le Sénégal a cessé d’être un Etat de droit. Osons le dire. Un Etat de droit obéit aux « principes de gouvernance en vertu desquels l’ensemble des individus, des institutions et des entités publiques et privées, y compris l’État lui-même, ont à répondre de l’observation de lois promulguées publiquement, appliquées de façon identique pour tous et administrées de manière indépendante, et compatibles avec les règles et normes internationales en matière de droits de l’homme ».
Les insipides tyrans, déroulant, depuis 2012, une représentation théâtrale sur la scène des turpitudes avec la participation de leurs godillots du temple de l’arbitraire et de la persécution, ont flétri cet Etat et détruit les acquis. Si notre pays, loué pour son expérience démocratique, avait suivi la Cour de justice de la CEDEAO, il subsisterait quelques lueurs d’espoir. Hélas, le juge Kandji n’a pas osé mettre fin aux dérives de Macky Sall et de ses péroreurs zélés. Le despote incompétent ne détruit pas seulement les socles d’une nation, il met en péril une aventure collective. Le Sénégal est en danger. Et la seule exigence impérieuse à laquelle devrait satisfaire le peuple est de sauver le pays et de ne pas céder à la peur que veulent installer ceux qui l’assoiffent, affament près d’un million d’âmes innocentes et font de la justice une pestilentielle gentilhommière d’abus. Il faut un rapport de force qui transcende l’opposition et le pouvoir. Et ce, dès aujourd’hui. Car, il est question, plus que des individualités du paysage politique, de notre devenir. Nous ne pouvons plus compter sur cette justice aux ordres. La rue est le théâtre de la lutte réelle contre l’arbitraire.
Ps : Il a été dit que Barthélémy Diaz, injustement incarcéré par Macky Sall et ses juges, est malade. Qu’il le soit ou pas, sa place n’est pas en prison. Il est l’une des figures politiques les plus vaillantes et constantes du Sénégal. Il n’a rien dit qui justifie cette cruauté. Le totalitarisme et l’assujetissement sont révolus. Ceux qui sont incapables de sortir de cette ère ne devraient jamais accéder à la dignité de magistrat et de président de la République. Qu’ils le libèrent. A moins qu’ils ne soient inspirés par la haine. Macky wata watt !