Programme d’urgence de développement communautaire : 157 forages réalisés en un an, 81 en cours

D’une région à l’autre du Sénégal, les scènes sont les mêmes. Des populations en liesse qui saluent les réalisations Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc). Dans la région de Tambacounda, le forage multi-village de Saré Bamol qui polarise cinq autres localités étanche, à satiété, la soif de la population et du bétail.

« Je suis heureuse ; je suis heureuse », chantonne Dallo Sylla, une femme d’une forte corpulence, tout sourire. Une phrase qu’elle ne cesse de répéter durant toute la discussion. Native de Tambacounda, cette femme qui a rejoint le domicile conjugal à quatorze ans dans le village de Saré Bamol révèle qu’elle tombait souvent malade à cause de la corvée de l’eau et de sa qualité. «Nous avons maintenant un robinet. Il suffit d’un petit geste pour disposer d’une eau cristalline », explique-t-elle, toujours avec un large sourire. « Naguère, je devais parcourir au moins un demi-kilomètre la bassine d’eau sur la tête car le puits est situé en dehors du village », ajoute-t-elle. Sensibles au calvaire des femmes, les populations se sont cotisées pour creuser un second puits dans le village. Mais l’eau avait un goût d’œuf pourri ; à cause de cela, peu de femmes y puisaient le liquide précieux. Un troisième puits avait été creusé mais, à chaque saison des pluies, des eaux de ruissellement s’y infiltraient rendant le liquide précieux impropre à la consommation. De plus, le village de Saré Bamol est une zone de pâturage. Des milliers de têtes de bétail y passent entre deux à trois mois avant l’installation de l’hivernage, rendant la pression encore plus forte sur la ressource.

La veille, quand les populations ont été informées de l’arrivée de la délégation du Pudc, elles ont sonné la grande mobilisation. Elles ont chanté et dansé toute la journée. La joie de la dame Dallo Sylla est partagée par le jeune berger Mamadou Bâ âgé de 29 ans. « Vous ne pouvez pas mesurer combien ce forage nous soulage », affirme-t-il. Pour la circonstance, il s’est mis sur son trente un, un ensemble bleu qui lui va à merveille. Le jeune Mamadou Bâ souligne qu’il pouvait passer quatre heures à la recherche de l’eau sans avoir la garantie de pouvoir étancher la soif de son troupeau. On mesure donc la joie de ces populations qui peuvent désormais disposer maintenant du liquide précieux à toute heure de la journée. « Il suffit maintenant d’un petit geste pour qu’une eau cristalline jaillisse de la borne fontaine », confie Dallo Sylla.

Ce forage qui a un débit de 50 m3 par heure est équipé d’un château d’eau de 200 m3. Doté d’un système d’alimentation en eau multi-villages, l’ouvrage dessert cinq villages pour une population estimée à 1.800 et un cheptel de 3.250 bovins, 2.200 ovins et 1.550 caprins. Outre ces ouvrages, le Pudc a aussi construit 25 bornes fontaines, plus de 18 kilomètres de réseau et quatre abreuvoirs. Tous ces investissements ont coûté 236.818.187 de FCfa.
Ces ouvrages font la fierté des éleveurs dans cette zone de pâturage qui enregistre, chaque année, à partir du mois de mai, l’arrivée de dizaines de troupeaux. L’accès continu à une eau de qualité devient, dans cette partie du Sénégal, une des conditions d’un développement local durable.

Par Mamadou GUEYE

157 forages réalisés en un an
Plus d’un an après son lancement officiel par le chef de l’Etat, le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) imprime sa marque dans le monde rural grâce à la réalisation de forages, de pistes de production ou la distribution à un rythme soutenu de matériel post production. Dans le domaine de l’hydraulique rurale, des pas de géant ont été accomplis. En une année, 68 châteaux d’eau ont été construits, 89 sont en chantier ; 157 forages sont réalisés et 81 sont en cours ; 49 systèmes d’alimentation en eau dont 17 systèmes en Alimentation Eau Multi-Villages et 32 Marteaux Fond Trou équipés au solaire mis en service dans les régions de Matam, Louga, Kaffrine, Kaolack, Tambacounda et Kédougou ; 182 abreuvoirs réalisés sur un total de 346 ; 1.033 bornes fontaines construits sur un total de 1.744.

Les responsables du Pudc sont « intransigeants » sur les délais. En effet, à chaque entreprise attributaire de marché, un délai de réalisation a été fixé et un suivi régulier est assuré pour prévenir ou circonscrire d'éventuels problèmes, au regard du caractère urgent du programme. « Il était important d'avoir un suivi rapproché », confie le directeur du Pudc. Les systèmes d'alimentation en eau multi-villages sont réalisés pour alimenter les populations, le cheptel et éventuellement un petit périmètre maraîcher pour le développement de chaîne de valeur. Le nombre d'abreuvoirs réalisés par système est en fonction de l'estimation du cheptel. Le volet hydraulique couvre 10 régions du Sénégal et il a été demandé aux entreprises de démarrer les travaux dans les zones difficiles d'accès en hivernage même si les responsables de ce volet ont veillé à une répartition assez homogène des systèmes à travers les régions couvertes.