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Six raisons qui font que la volonté du Peuple sénégalais risque de ne pas être respectée

29 - Juillet - 2017

1. Echec dans l’unité des principaux leaders de l’opposition
2. Mode de scrutin majoritaire à un tour
3. Faiblesse et manque d’indépendance de nos institutions
4. Politisation de l’administration
5. Manque de déontologie d’une certaine presse
6. Une police au service d’un parti politique
Ces élections législatives du 30 juillet donnaient au Peuple sénégalais une occasion d’espérer de changer les choses et éviter à notre pays les diverses menaces qui risquent de saper les fondements de la nation et la stabilité politico-économique du pays.
Dans un sursaut républicain et patriotique, l’opposition significative avait senti la nécessité de se rassembler au tour d’un seul bloc MANKO TAXAWU SENEGAL ; mais au final pour des égos démesurés l’unité a volé en éclat hypothéquant ainsi sérieusement la chance d’imposer la cohabitation au Président Macky Sall.
Dans le scrutin majoritaire à un tour, celui qui obtient le plus de voix emporte les sièges. Cela a l’avantage de la simplicité. Mais il résulte souvent une sous-représentation des autres partis, et certains n’obtiennent presque aucun élu alors qu’ils ont reçu beaucoup de votes. Par ailleurs, la représentation locale des partis influence beaucoup le résultat final dans la mesure où un petit parti très bien implanté peut être représenté, alors que le parti ayant obtenu le plus de voix au plan national peut se voir privé de sa victoire car ses suffrages sont trop dispersés.
"L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes", disait Obama lors de sa visite à Accra. Mais force est de constater que tel n’est pas le cas en ce qui concerne les institutions qui devraient nous garantir la transparence lors de ces élections. Le Conseil Constitutionnel, la CENA et le CNRA sont beaucoup critiqués en ce moment. La décision CC de permettre de voter avec des documents d’identification autres que la carte d’identité nationale, est dénoncée par plusieurs juristes alors que ses considérations devraient être inattaquables sur le plan du droit. Quant aux autres organes de contrôle, leurs failles et leur accointance avec le pouvoir sont patentes.
Nous avons remarqué depuis les indépendances que la logique politique prend le dessus sur les exigences de services publics dans l’administration sénégalaise. Malgré que notre pays dispose du cadre légal qui encadre la fonction publique, l’allégeance des fonctionnaires au parti du gouvernement est une réalité. Le ministère de l’intérieur, le commandement territorial et les hauts fonctionnaires de l’Etat se mobilisent pour exécuter les directives du Chef de l’Etat, qui en temps d’élections se comporte plus en Chef de parti.
Une certaine presse (heureusement pas toute la presse) est inféodée au pouvoir et fragilise le secteur car ceux qui ne collaborent pas sont discriminés et elle se décrédibilise aux yeux de la population. Cettepresse de propagande peut influencer le vote des Sénégalais par diverses manipulations, par exemple nous ne comprenons pas pourquoi en pleine campagne électorale une télévision diffuse des publi-reportages pour soutenir un camp.
Nous sommes conscients que la police est un corps qui fonctionne sur le principe de commandement et doit exécuter les ordres en conformité avec les lois et règlement du Sénégal ; mais lorsque je lis dans des journaux que des jeunes arrêtés dans le cadre de manifestions politiques sont torturés dans les commissariats, j’ai le droit de penser qu’elle a failli à une de ces prérogatives qu’est de respecter le droit de la dignité humaine qui est le fondement de la déclaration universelle des droits de l’homme à laquelle le Sénégal a adhéré. Cette répression policière peut pousser les populations au renoncement de la lutte pour leurs droits et ainsi pérenniser le pouvoir dictatorial que les politiciens veulent nous imposer.
Ainsi, le manque de vision des leaders de l’opposition combiné à un mode de scrutin majoritaire à un tours biaisé par la pléthore de liste en compétition lors de ces élections législatives où nous pouvons avoir des doutes sur l’indépendance des organes de contrôle et du pouvoir organisateur, dans une ambiance chahutée par la presse et avec une répression policière dirigée contre les opposants, la volonté de changement risque de n’être qu’un vœu pieux.

Ibrahima Wade
Bruxelles, Belgique

 

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