« A Alep ce que l’humanité fait de pire est devenu la norme »
« A Alep ce que l’humanité fait de pire est devenu la norme »
Dans les horreurs vécues à Alep, il n’est pas seulement question de la Syrie mais du danger pour le monde qu’il y a à les laisser passivement se perpétrer estime Nedžad Avdić, survivant du massacre de Srebrenica.
J’étais adolescent quand j’ai connu ce que l’humanité a de pire. Je me souviens notre maison réduite en cendres, ma famille fuyant Srebrenica, croyant malgré tout à sa chance de survie. Je me souviens la torture. Je me souviens l’odeur du sang. Je ne le savais pas encore mais j’étais en train de vivre le pire génocide que l’Europe allait connaître depuis la Seconde Guerre Mondiale. Je me souviens aussi des promesses : « plus jamais ça » disait-on.
Ces promesses s’effondrent, heure après heure, jour après jour, à mesure que l’horreur s’amplifie dans la partie Est d’Alep. Des centaines de milliers de personnes ont trouvé la mort depuis que la guerre a commencé en 2011. Imaginez un peu : des années de bombardements à coups d’armes à sous-munitions, de roquettes et de gaz toxiques, des morts à n’en plus finir, les enterrements qui s’enchaînent. Et, pendant ce temps, le monde qui observe et assiste passivement à la destruction d’un pays et de son peuple.
Chaque fois, on a pensé que ça n’irait pas plus loin, et pourtant le pire est arrivé. Là, l’horreur atteint, une fois de plus, des sommets. Les familles manquent de nourriture, d’eau, de médicaments. Aucun hôpital opérationnel, pas une seule ambulance qui puisse secourir le nombre toujours grandissant de blessés et de malades. Même les clowns ne survivent pas...