En Algérie, l’épidémie de choléra révèle la défiance envers le pouvoir
La communication brouillonne et le manque de réactivité provoquent l’amertume d’une population qui n’avait pas connu une telle épidémie en 22 ans.
C’est un déplacement qui fait désordre. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, s’est rendu en Suisse, lundi 27 août, pour y subir des contrôles médicaux. Le communiqué de la présidence – ils sont rares – précisait qu’il s’agissait d’examens « périodiques » – comprendre qu’il n’y a là rien d’anormal. Le même jour, le ministère de la santé actualisait le bilan de l’épidémie de choléra (les spécialistes parlent plutôt de « foyers ») qui s’est déclarée dans le pays en ce mois d’août : 59 cas confirmés et deux morts.
Le chef de l’Etat est bien rentré à Alger le 1er septembre, mais le télescopage des deux actualités a eu un effet désastreux. Sur les réseaux sociaux, les messages empreints de colère ou d’amertume se sont multipliés. « Bouteflika en Suisse pour raison médicale. Aucun hôpital en Algérie n’est assez bon pour lui, apparemment », soulignait un tweet, tandis qu’un autre interrogeait : « Est-ce que quelqu’un peut expliquer le métier de président à notre président : un président n’abandonne pas son peuple quand il y a une crise. »
De son côté, une journaliste s’étonnait : « Donc, quand Bouteflika se déplace à Genève, c’est un événement et ça mérite un communiqué de la présidence. Mais tout le scandale autour du choléra, ce n’est pas assez grave, important, urgent ? » Les internautes réagissaient à la brutalité, au moins symbolique, du décalage entre un chef de l’Etat qui va recevoir des soins de pointe à l’étranger et une population confrontée à une épidémie d’un autre âge.