A Alep, la propagande comme arme de guerre

07 - Juillet - 2017

En Syrie, les forces pro-Assad ont pratiqué une désinformation permanente. Cette stratégie a désorienté les opinions publiques occidentales et paralysé leurs gouvernants

La bataille d’Alep, qui s’est achevée, le 16 décembre 2016, par la chute du principal bastion de la rébellion syrienne, sera, à n’en pas douter, largement étudiée dans les écoles de guerre. L’aviation russe et l’armée ­syrienne, assistée au sol par diverses milices chiites (libanaises comme le Hezbollah, mais aussi ­irakiennes et afghanes), sont venues à bout, au terme de six mois de siège, de 10 000 rebelles bien équipés et retranchés dans les quartiers orientaux de la grande métropole syrienne. Mais la stratégie militaire ne peut seule expliquer cette défaite, qui a viré à la débâcle dans les dernières semaines. Certes, le pilonnage incessant par l’aviation et l’artillerie ont joué un rôle essentiel, au prix de milliers de morts civils. Mais la propagande et la guerre de l’information ont tenu une place tout aussi essentielle dans cette bataille.
Chute, reconquête ou libération : le vocabulaire n’est jamais neutre du moment qu’il s’agit d’un conflit. Mais, si les guerres ont toujours mis en branle l’affrontement de deux narrations, jamais comme à Alep on n’a assisté à une telle transformation des victimes en bourreaux, des sauveteurs en terroristes, et des massacreurs en libérateurs. Autre spécificité de la bataille d’Alep : alors qu’en général, dans l’histoire de la guerre, le camp du vainqueur sur le champ de bataille impose a posteriori son récit, la propagande du camp des forces pro-régime, dans le cas d’Alep, s’est imposée avant même leur victoire sur le terrain.
A ce titre, la bataille d’Alep peut être assimilée à un nouvel épisode de la « guerre hybride », théorisée par les stratèges russes depuis le milieu des années 2000 et mise en œuvre en Crimée et dans l’est de l’Ukraine. Elle consiste, entre autres, à brouiller la perception du camp adverse avec un bombardement d’informations.

 

Autres actualités

06 - Octobre - 2019

En Egypte, une nouvelle génération en colère descend dans la rue

Rongées par l’inquiétude, des dizaines de personnes attendent face au tribunal du district sud du Caire, sous la surveillance d’un contingent de policiers et...

04 - Octobre - 2019

Washington et Pyongyang reprennent leurs discussions

Sept mois auront été nécessaires pour dépasser l’échec. Après le sommet infructueux de février entre le président des Etats-Unis,...

04 - Octobre - 2019

Migrants : A Bruxelles, un débat miné par l’égoïsme des Etats

« Aucune nouvelle proposition nouvelle dans les 100 premiers jours » a annoncé aux députés européens Ylva Johansson, future commissaire européenne...

03 - Octobre - 2019

« Les années à venir ne seront pas aussi favorables à l’Allemagne que les dix années passées »

Les années à venir ne seront manifestement pas aussi favorables à l’Allemagne et à ses habitants que les dix années passées. Le pays est en effet...

03 - Octobre - 2019

Afrique du Sud-Nigeria : la coopération économique à l’épreuve des tensions xénophobes

Selon l’expression consacrée, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont toujours eu le rôle de « locomotives » du continent. Les deux géants...