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A Gaza, l’argent du Qatar est le nerf de la non-guerre

02 - Février - 2019

Pour lui, on ferme les ruelles étroites de la ville de Gaza à la circulation, afin qu’il ne perde pas de temps dans les embouteillages lors de ses courtes visites. Une quinzaine de policiers l’escortent dès qu’il sort de son hôtel, où il dispose de bureaux permanents. Dans le petit territoire palestinien enclavé et miséreux, l’ambassadeur du Qatar, Mohammed Al-Emadi, est traité comme un chef d’Etat. Et pour cause : il dirige le Comité de reconstruction de Gaza, qui distribue l’essentiel de l’aide accordée par l’émirat.

La somme totale, depuis 2012, « dépasse les 700 millions de dollars » – 610 millions d’euros –, dit-il, consacrés aux infrastructures, aux logements, aux aides d’urgence comme le fioul pour les hôpitaux. A ce titre, le diplomate est un interlocuteur privilégié, aussi bien pour l’Autorité palestinienne à Ramallah que pour le gouvernement israélien.

Il est beaucoup question de l’argent qatari ces jours-ci. C’est pour lui que des centaines de personnes font la queue de bon matin, le 27 janvier, devant la poste centrale. Assis sur le trottoir, fumant une cigarette ou égrenant un chapelet, ils sont appelés à photocopier leur document d’identité, dans l’une des machines mobiles apportées pour l’occasion. Ils seront près de 100 000, parmi les plus nécessiteux, à recevoir une obole de 100 dollars.
« Il nous faut du travail »

Il y a par exemple Hassan Khassouma, 38 ans, père de sept enfants. Il a des dettes. L’argent servira à combler son ardoise au marché et chez l’épicier du coin, sans parler des sommes empruntées à son père. « Depuis douze ans que le Hamas est au pouvoir, j’ai dû travailler, en tout, deux mois sur des chantiers. Il nous faut du travail, pas de la mendicité. » Non loin de là, Suhil El-Chourafa, 40 ans, parle de l’humiliation ressentie à devoir faire la queue. « Si j’avais un travail, jamais je ne serais là. Mais je dois acheter des cahiers pour les enfants, et de la nourriture. Merci au Qatar. Mais on veut du boulot ! »
Lire notre analyse : Le gouvernement israélien à l’épreuve de Gaza

Il s’agit du troisième versement d’urgence consenti par le Qatar depuis novembre 2018, afin d’accompagner l’accord oral et indirect passé entre Israël et le Hamas. En échange du calme à la frontière de Gaza, où les rassemblements de la « marche du retour » se poursuivent depuis près d’un an, le mouvement islamiste pouvait compter sur une aide de 90 millions de dollars sur six mois du riche émirat gazier. Israël, de son côté, devait alléger le blocus, en facilitant les exportations, en étendant la zone de pêche par étapes, en permettant à davantage de Palestiniens de sortir de Gaza.

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