A Kaffrine, les motos-taxis font de maigres recettes à cause du couvre-feu
Le couvre-feu instauré par le gouvernement pour arrêter la propagation de la maladie à coronavirus engendre un important manque à gagner pour les motos-taxis de Kaffrine (centre), selon plusieurs conducteurs de ces deux-roues interrogés par l’APS.
Dans cette ville, de nombreux jeunes s’adonnent à l’exploitation de ces motos qui assurent une bonne partie du transport des passagers.
A Kaffrine, de nombreuses motos sont souvent visibles sur les abords de la route nationale 1, leur lieu de stationnement. Le trafic très dense des motos-taxis a rendu difficile la cohabitation de ces transporteurs avec les voyageurs en partance pour diverses destinations et les nombreux vendeurs d’eau fraîche, de thé, de café, etc.
Mais au grouillement de ces deux-roues succède un calme inhabituel à Kaffrine, depuis l’instauration de l’état d’urgence et du couvre-feu destinés à réduire les risques de propagation du nouveau coronavirus (Covid-19).
Depuis l’annonce de ces mesures, les affaires semblent de plus en plus se gripper, au grand dam des conducteurs de moto-taxi.
‘’Depuis l’annonce de ces mesures prises par l’Etat et celles du préfet nous interdisant de transporter des passagers, nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous vivons le calvaire’’, s’emporte le président de l’Association des conducteurs de moto-taxi de Kaffrine, Mbaye Coulibaly. ‘’Tout est au ralenti. Il y a certains d’entre nous qui ne parviennent pas à assurer la dépense quotidienne. C’est vraiment difficile’’, poursuit-il.
Selon M. Coulibaly, les motos-taxis ne sont plus rentables. Les conducteurs n’arrivent plus à joindre les deux bouts. ‘’Nous souhaitons que Dieu nous éloigne de cette maladie. Aujourd’hui, nous ne parvenons plus à subvenir à nos besoins. La maladie à coronavirus a complétement bouleversé notre vie’’, se désole-t-il, sollicitant l’aide de l’Etat pour les membres de l’association qu’il dirige.
Mais Mbaye Coulibaly s’empresse de préciser que les conducteurs de moto-taxi de Kaffrine ‘’sont totalement en phase avec l’Etat, concernant les mesures prises pour éradiquer la maladie’’.
‘’C’est vraiment difficile. Mais c’est Dieu qui en a décidé ainsi. On n’y peut rien. Nous nous en remettons à Dieu. Et nous sommes en phase avec les autorités, qui ne veulent que l’élimination du Covid-19 au Sénégal’’, dit Daouda Ndao, un autre conducteur de moto-taxi. ‘’Mais, c’est vraiment dur pour nous. Nos affaires sont au ralenti. En ce qui me concerne, je n’arrive plus à assurer la dépense quotidienne’’, déplore M. Ndao, sollicitant, lui aussi, l’aide de l’Etat et des autorités locales.
‘’J’ai toujours travaillé à la sueur de mon front. Aujourd’hui, plus rien ne va. Depuis le début du couvre-feu, je vis le calvaire. Même pour acheter un petit savon, c’est un problème pour moi. Ici, on nous interdit d’amener un passager. Cela signifie qu’il faut immobiliser les motos-taxis. C’est très difficile’’, dit Malick, un conducteur âgé de 24 ans.
Lui et ses compagnons d’infortune ont choisi de prendre les choses du bon côté. ‘’Ces mesures (couvre-feu et interdiction d’amener des passagers) sont juste prises pour stopper la propagation du coronavirus. Nous sommes en phase avec le gouvernement. Mais j’avoue que nous vivons le calvaire’’, lance-t-il.
Mouhameth Diallo, lui, sollicite l’aide des autorités. ‘’L’Etat doit penser à nous, surtout en cette période où plus rien ne marche’’, dit Malick.
‘’En raison du couvre-feu, nous ne nous en sortons plus. J’ai mis de côté ma moto. Et je m’en remets à Dieu’’, affirme, déconcerté, Dane Ndao. ‘’Nous prions pour l’éradication de cette maladie‘’, lance le conducteur de moto-taxi âgé de 23 ans.