A Paris, Macron et Mohammed Ben Salman ont affiché leur « excellente relation »

11 - Avril - 2018

Le président français et le prince héritier saoudien ont annoncé, mardi, la tenue d’une conférence humanitaire sur le Yémen à Paris. Les deux hommes ont aussi rapproché leurs positions sur la question iranienne.

Emmanuel Macron lui a longuement donné l’accolade en l’accueillant sur le perron de l’Elysée. Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, et le président français aiment jouer de leur charisme et instaurer des liens directs. Cela peut donner des résultats, y compris sur des dossiers les plus sensibles.
Emmanuel Macron a annoncé, mardi 10 avril, aux côtés de son hôte, la tenue d’une conférence humanitaire commune sur le Yémen d’ici l’été à Paris. « La position de la France est claire : plein soutien à la sécurité de l’Arabie saoudite, condamnation de l’activité balistique venant des houthis [rebelles alliés de l’Iran], volonté de trouver une solution politique au conflit et grande exigence humanitaire à l’égard des populations civiles », a affirmé le chef de l’Etat, qui est depuis des mois sous la pression des organisations non gouvernementales sur le sujet.

L’Arabie saoudite mène depuis mars 2015 une guerre d’usure au Yémen contre la rébellion houthiste soutenue par Téhéran. Le conflit s’enlise avec plus de 10 000 morts, trois millions de déplacés et la menace d’une famine généralisée. Mohammed Ben Salman a assuré que son pays travaillait avec ses partenaires pour « moderniser ses règles d’engagement afin d’éviter les victimes civiles », tout en soulignant que dans toute « opération militaire, tout au long de l’histoire, quel que soit le pays, il y a toujours des erreurs ».
Une organisation humanitaire yéménite, Legal Center for Rights and Development, a profité de la présence dans la capitale française de « MBS » pour déposer à son encontre une plainte avec constitution de partie civile.
Les deux jours et demi de visite à Paris du futur roi saoudien se sont achevés par un deuxième entretien avec le chef de l’Etat puis par un dîner officiel auquel a aussi été convié le premier ministre libanais, Saad Hariri. Le prince héritier était arrivé à l’Elysée juste après le départ du roi du Maroc, Mohammed VI. La veille, les deux monarques avaient dîné ensemble dans un grand restaurant parisien avec M. Hariri, tous décontractés et chemise ouverte, immortalisant le moment avec un selfie publié sur Twitter accompagné du message : « Sans commentaire. »
Long périple
Quelques mois plus tôt, en novembre 2017, Saad Hariri annonçait, contraint et forcé, sa démission depuis Riyad, où il était retenu contre son gré. Une médiation du président français, qui, à son retour des Emirats arabes unis, s’était arrêté à l’aéroport de la capitale saoudienne pour s’entretenir avec « MBS », avait permis de résoudre la crise. C’était leur première rencontre et elle fut assez tendue.
Depuis, ils sont restés en contact et ont développé des relations personnelles. « C’est plus qu’un allié, c’est un ami proche », affirme-t-on côté saoudien. « Leur relation est excellente », renchérit l’Elysée. « Je sais une chose, c’est que s’il y a une chance que son projet réussisse, c’est la responsabilité de la France de la lui donner », a insisté le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse.
La visite française de Mohammed Ben Salman, qui a été précédée d’un séjour de trois semaines aux Etats-Unis et qui sera suivie d’une brève étape à Madrid, clôt le long périple d’un prince bien décidé à transformer son pays. Les grandes questions régionales, comme la guerre en Syrie, les élections libanaises et, surtout, l’Iran ont été au cœur des discussions avec M. Macron. Lors de leur rencontre à Riyad en novembre 2017, leur échange avait été pour le moins vif, Mohammed Ben Salman n’appréciant guère les efforts français visant à sauver l’accord de juillet 2015 entre les « 5 + 1 » (les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies plus l’Allemagne) et Téhéran gelant le programme nucléaire iranien.
Aujourd’hui, MBS se sent encore renforcé par le soutien du président américain, Donald Trump. Mais M. Macron reconnaît partager les préoccupations de Riyad sur le développement du programme balistique iranien et sa politique de déstabilisation régionale. « Nous avons une vue tactique différente sur l’accord, mais nous avons une vision stratégique cohérente » pour stabiliser la région, a précisé Emmanuel Macron.
Les affaires n’ont pas été oubliées. M. Macron a évoqué de futurs investissements saoudiens en France et franco-saoudiens dans les médias, les télécoms, les loisirs ou le luxe. Des protocoles d’accord pour 18 milliards de dollars (14,5 milliards d’euros) ont été signés, mais ils doivent encore être finalisés. Emmanuel Macron devrait se rendre à Riyad en fin d’année.

Autres actualités

15 - Avril - 2020

En Afrique du Sud, « si les flics te trouvent à boire dehors, tu peux être sûr de prendre une raclée »

Courbée sous le poids des années, la silhouette de Mama Sipiwe arpente lentement les rues de Soweto. Semblable a tant d’autres en quête de victuailles en ces temps de...

15 - Avril - 2020

Devenu le visage de la lutte contre le coronavirus, le ministre de la santé brésilien au bord du limogeage

« Un médecin n’abandonne pas son patient », répétait à l’envi ces dernières semaines Luiz Henrique Mandetta. Pourtant, mercredi 15...

10 - Avril - 2020

Lars Tragardh : « La Suède lutte contre la pandémie due au coronavirus à travers la “liberté sous responsabilité” »

L’historien suédois Lars Tragardh a vécu une quarantaine d’années aux Etats-Unis, où il a enseigné à l’université Columbia,...

10 - Avril - 2020

Irak : Mustafa Al-Kadhimi, homme de consensus, chargé de former un gouvernement

L’Irak s’est-il trouvé un premier ministre en la personne de Mustafa Al-Kadhimi ? A 53 ans, le chef du renseignement est le troisième candidat à tenter de former...

09 - Avril - 2020

Coronavirus : aux Etats-Unis, les Asiatiques, victimes de discrimination, contre-attaquent

Le chroniqueur Jeff Yang faisait la queue pour entrer dans un magasin de son quartier de Los Angeles le 23 mars quand il a été pris à partie par une cliente qui finissait ses...