Abandonnées, les prisons brésiliennes soumises à la guerre des gangs
Abandonnées, les prisons brésiliennes soumises à la guerre des gangs
Quatre jours à peine séparent les deux massacres, laissant le Brésil interdit, effrayé et honteux quant à l’état effroyable de ses prisons. Vendredi 6 janvier, à l’aube, trente-trois corps, la plupart décapités ou démembrés, gisaient dans une mare de sang dans les couloirs du pénitencier agricole de Monte Cristo, près de la ville de Boa Vista, dans l’Etat du Roraima.
Le ministre de la justice, Alexandre de Moraes, a écarté l’hypothèse d’un règlement de comptes entre gangs rivaux. « Nous n’avons pas perdu le contrôle de la situation », a-t-il assuré. Cette nouvelle boucherie laisse pourtant penser à une mesure de représailles du Primeiro comando da capital (PCC). L’organisation criminelle, née dans l’Etat de Sao Paulo, pourrait ainsi avoir voulu se venger de la tuerie tout aussi sauvage perpétrée dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 janvier dans le complexe pénitencier d’Anisio Jobim, à Manaus, dans l’Etat d’Amazonie. Là, pendant dix-sept heures, 56 prisonniers, la plupart membres du PCC, ont été massacrés, décapités, carbonisés ou écartelés lors d’un affrontement avec une autre faction, la Familia do Norte (FN) implantée en Amazonie et alliée au Comando Vermelho (CV).
« Un nouveau chapitre macabre de la guerre des gangs », résumait Renato Sergio de Lima, du Forum brésilien de sécurité publique cité par le quotidien O Globo après le premier carnage. Les deux organisations mafieuses ont rompu une trêve précaire il y a plusieurs mois, se livrant depuis à une guerre sans merci pour le contrôle territorial du trafic...