Affaire Khashoggi : « MBS » reste intouchable à Riyad
e suspense était inexistant mais c’est désormais officiel : pour la justice saoudienne, le prince héritier du royaume, Mohammed Ben Salman, est totalement étranger à l’assassinat de Jamal Khashoggi. L’annonce a été faite, jeudi 15 novembre, par l’adjoint du procureur général, Shaalan Al-Shaalan, lors d’une conférence de presse organisée à Riyad. Selon ce magistrat, l’homme fort de la couronne, surnommé « MBS », n’a eu aucune connaissance de l’opération ayant mené à la liquidation du journaliste saoudien, dans le consulat de son pays, à Istanbul, le 2 octobre.
Un grand nombre d’observateurs estiment au contraire que cet éditorialiste renommé, qui vivait en exil aux Etats-Unis et publiait dans le Washington Post des articles très critiques de l’action du dauphin, n’a pas pu être tué sans son feu vert. Fils du roi Salman, âgé de 82 ans, dont la santé est vacillante, le prince Mohammed jouit d’un pouvoir quasi absolu dans le royaume, notamment d’une mainmise totale sur les appareils de sécurité.
Pour le représentant du parquet saoudien, la mort de M. Khashoggi incombe à deux personnes principalement : d’une part le chef adjoint des services de renseignement saoudiens, le général Ahmed Al-Assiri, qui aurait rassemblé des agents et leur aurait ordonné de ramener le dissident de gré ou de force dans son pays ; et d’autre part le responsable de cette équipe, qui aurait décidé de son propre chef, une fois à Istanbul, d’éliminer le journaliste, après avoir estimé que dans l’hypothèse où il refuserait de coopérer, il ne serait pas possible de le transférer vivant jusqu’en Arabie saoudite.