">

Afrique du Sud : 50 ans après, des pendus de l’apartheid reposent enfin en paix

05 - Avril - 2019

Pulane Koboekae, 66 ans, regarde fixement les sept cordes de pendus placées au-dessus de la trappe de la prison centrale de Pretoria : son frère Richard Motsoahae, 23 ans, a été exécuté à cet endroit précis en 1964, victime du régime sud-africain de l’apartheid. Quelques instants plus tard, elle sort un mouchoir blanc et essuie dignement et silencieusement ses larmes. « Ça a rouvert de vieilles blessures. Il y a beaucoup d’émotion. Je me sens malade, mais en même temps il y a un soulagement, raconte cette infirmière retraitée, les lèvres tremblantes. Nous attendons ce processus depuis longtemps. »
Son frère, militant du Congrès panafricain (PAC, fondé par Robert Sobukwe, parti plus radical que le Congrès national africain de Nelson Mandela), a été condamné à mort avec trois autres complices pour le meurtre d’un policier en 1963. Il fait partie des cent trente prisonniers politiques exécutés par le régime de l’apartheid et enterrés à la va-vite et anonymement dans des cimetières ou des fosses communes. Pulane Koboekae se souvient « comme si c’était hier » de la journée où son frère a été exécuté. « J’avais 13 ans. Je n’avais pas le droit de lui rendre visite à la prison. Le jour de l’exécution, on m’a envoyée à l’école et, quand je suis revenue, j’étais toute seule », précise-t-elle.
« 1 749 Noirs et 57 Blancs »
Suivant une recommandation de la Commission vérité et réconciliation (TRC), chargée d’enquêter sur les crimes politiques du régime raciste blanc, le Programme d’exhumation des pendus permet de localiser les dépouilles, de les exhumer et de les restituer aux familles. Les corps d’une cinquantaine de condamnés ont déjà été exhumés et réenterrés. Le programme inclut aussi une visite de la prison et du gibet. Ce jour-là, les familles de sept condamnés suivent la visite guidée proposée par le gardien Abram Rahlogo. « 2 332 prisonniers [de droit commun et politiques] ont été pendus ici entre 1959 et 1984 », explique-t-il, dont « 1 749 Noirs et 57 Blancs ». Il raconte en détail la mécanique rodée qui menait le condamné, menotté dans le dos, de sa cellule à la potence en passant par la chapelle…

Autres actualités

22 - Juin - 2018

Mexique : le Veracruz sous l’emprise du crime

Disparitions, féminicides, meurtres de politiciens, de journalistes, détournements de fonds, corruption… A la veille du scrutin présidentiel du 1er juillet,...

21 - Juin - 2018

« Ces deux dernières années, les Britanniques ont redécouvert leur attachement à l’UE »

La négociation avec Bruxelles fait ressortir une triste vérité : les grands manitous du Brexit ont ou fantasmé ou raconté des bobards, explique, dans sa...

21 - Juin - 2018

Aux Etats-Unis, les conspirationnistes voient des acteurs partout

Une éditorialiste assure que les enfants d’immigrés illégaux en rétention sont « des acteurs », alimentant les théories complotistes,...

20 - Juin - 2018

Turquie : « Dérive autoritaire et dérive de l’économie, une seule et même trajectoire ? »

Depuis quatre ans, les réformes ont été mises sous l’éteignoir. Seul compte le primat à la croissance stimulée à coup de crédit...

20 - Juin - 2018

Macron et Merkel acculés sur l’immigration

Réunis près de Berlin mardi, avant le Conseil européen des 28 et 29 juin, le président français et la chancelière allemande cherchent à recadrer...