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Afrique du Sud : l’ANC, favori discrédité des élections générales

07 - Mai - 2019

Est-il déjà trop tard pour l’ANC ? Pour la première fois de son histoire à la tête de l’Afrique du Sud post-apartheid, le Congrès national africain est confronté à un risque existentiel. Son pouvoir, sa mission de « parti d’avant-garde » et, partant, l’avenir de l’Afrique du Sud, auquel ses dirigeants l’estiment intimement lié, sont-ils en danger ? Et à quelle échéance ? Ce n’est pas pour tout de suite, mais comme un pétrolier dérivant au large sans qu’il soit possible de corriger sa trajectoire, le mouvement vers le naufrage pourrait être déjà engagé.
Mercredi 8 mai, 26,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales doivent se rendre aux urnes pour les sixièmes élections générales depuis l’avènement de la démocratie en 1994. Le vieux parti centenaire (il a été fondé en 1912) est arrivé au pouvoir lors du premier scrutin multiracial, mettant un terme à trois siècles de domination blanche. C’était il y a vingt-cinq ans. On ignore cette fois quel sera le taux d’abstention, mais on sait déjà que plus de neuf millions de Sud-africains en âge de voter – dont beaucoup de jeunes – n’ont tout simplement pas jugé bon d’inscrire leur nom sur les listes électorales. En soi, il s’agit déjà d’un désamour. Il menace de tourner au désaveu.
Les sociétés nationales, les ministères, diverses institutions cruciales pour la vie des Sud-Africains ont subi un pillage en règle
Deux types de problèmes assombrissent l’avenir : les fondamentaux de l’économie, y compris le coût social pour maintenir à un niveau de survie une nation devenue un modèle d’inégalité – alors que ses fondements politiques étaient ceux de l’égalité –, n’offrent aucune marge de manœuvre. L’argent manque pour financer un plan de relance capable de changer le pays. Auréolé de son statut de mouvement de libération – même si sa victoire a été politique, et non militaire –, l’ANC a instauré un système de ponction d’Etat qui s’est aggravé au cours de la décennie écoulée, menant à des points de rupture. Les sociétés nationales, les ministères, diverses institutions cruciales pour la vie des Sud-Africains ont subi un pillage en règle. L’effet s’en fait sentir à tous les niveaux : l’éducation est dévastée ; la santé publique est un désastre ; Eskom, la société nationale d’électricité, est au bord de la catastrophe industrielle. Le pays le plus industrialisé d’Afrique est à nouveau au bord de la récession. Le chômage des jeunes y dépasse 50 %.

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