Afrique du Sud-Nigeria : la coopération économique à l’épreuve des tensions xénophobes

03 - Octobre - 2019

Selon l’expression consacrée, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont toujours eu le rôle de « locomotives » du continent. Les deux géants économiques, qui représentent à eux seuls environ un tiers du PIB régional, ont pourtant eu tendance, ces dernières années, à tirer vers le bas la croissance africaine. Sortis de la récession en 2018 après la crise provoquée par la chute des prix des matières premières, ils stagnent encore. Et leurs destins sont intimement liés pour la simple raison que l’Afrique du Sud est le premier importateur africain de produits nigérians, et vice versa.

Pourtant, les deux colosses du continent ne s’entendent pas. Les relations bilatérales sont en permanence émaillées de conflits, parfois économiques, parfois sociaux. La fraude massive de MTN, le géant sud-africain de la téléphonie mobile, au Nigeria avait jeté un froid dans les deux chancelleries en 2015. L’opérateur a reçu une amende record de 5,2 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) pour ne pas avoir déconnecté tous les abonnés disposant de cartes SIM non enregistrées. Le président nigérian Muhammadu Buhari avait accusé MTN de faire le jeu de l’insurrection islamiste Boko Haram, affirmant que « les cartes SIM anonymes sont utilisées par les terroristes ».

Plus récemment, la fièvre xénophobe de septembre dans les rues de Johannesburg et Pretoria a exacerbé les tensions. Un peu plus de 500 Nigérians ont dû fuir la « nation arc-en-ciel » après le pillage de centaines de magasins et la mort d’une dizaine de personnes. Le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a boycotté le Forum économique mondial qui se tenait au Cap du 4 au 6 septembre. Dans le même temps, l’Afrique du Sud décidait de fermer les portes de son ambassade à Abuja après des représailles contre certains de ses magasins au Nigeria.
« C’est David contre Goliath »

C’est dans ce contexte glacial que Muhammadu Buhari vient rencontrer son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, ce jeudi 3 octobre. Au centre des discussions : les accords économiques entre les deux pays et en particulier la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), que le Nigeria a accepté de rejoindre in extremis, après des mois de refus.

« Les échanges économiques entre les deux pays sont inégaux, note Dianna Games, présidente de la chambre de commerce à Johannesburg. Beaucoup de grandes entreprises sud-africaines sont durablement implantées au Nigeria, mais les Nigérians en Afrique du Sud n’ont, pour la plupart, que des petits commerces informels. » En effet, l’industrie sud-africaine des services a massivement investi à Lagos et Abuja. On y retrouve MTN, mais aussi plusieurs banques, chaînes de supermarchés et télévisions.

Autres actualités

26 - Octobre - 2019

En Irak, manifestations pour « la chute du régime » après une nuit de feu et de sang

Les forces de sécurité irakiennes tentaient, samedi 26 octobre, de venir à bout de nouvelles manifestations, à Bagdad et ailleurs en Irak, qui réclament «...

25 - Octobre - 2019

Brexit : le chantage aux élections de Boris Johnson pour sortir de l’impasse

Brexitland vire à l’Absurdland… Jeudi 24 octobre, dans un nouveau mouvement aussi tactique qu’improbable, le premier ministre Boris Johnson a renoncé...

25 - Octobre - 2019

« Au Cameroun, on constate une sophistication tactique de Boko Haram »

Contrairement à ce qu’avait déclaré en 2016 le président nigérian, Muhammadu Buhari, Boko Haram n’est pas « techniquement défait...

24 - Octobre - 2019

Alpha Condé : « Je ferai ce que veut le peuple de Guinée »

Premier président de Guinée élu démocratiquement, en 2010, Alpha Condé fait face à une large contestation née de la volonté que lui...

24 - Octobre - 2019

Au Bangladesh, 16 personnes condamnées à mort pour le meurtre d’une jeune femme, brûlée vive

Au Bangladesh, 16 personnes ont été condamnées, jeudi 24 octobre, pour le meurtre d’une jeune femme de 19 ans, brûlée vive pour avoir porté plainte...