AN III DE LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN SENEGAL EMERGENT (PSE) LE GOUVERNEMENT DRESSE UN BILAN SATISFAISANT, LES ECONOMISTES EMETTENT DES RESERVES
AN III DE LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN SENEGAL EMERGENT (PSE) LE GOUVERNEMENT DRESSE UN BILAN SATISFAISANT, LES ECONOMISTES EMETTENT DES RESERVES
24 février 2014-24 février 2017 ! Voilà trois (3) ans que le gouvernement de Macky Sall se présentait devant les partenaires techniques et financiers, à la recherche de ressources financières pour la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE). Le Sénégal était alors à la recherche de 2964 milliards de francs Cfa. Finalement, Macky Sall et son gouvernement ont fini par obtenir des engagements de financement évalués à 3729 milliards de francs. Trois ans après le lancement du Pse, Sud Quotidien tente de vous faire un bilan des réalisations en donnant la parole aux différentes parties prenantes.
Ainsi, le Ministre de l’économie, des finances et du plan Amadou Ba a confirmé les prévisions de croissance de 6,7% en 2016. Ce qui est selon lui, une «progression remarquable». Pour sa part, l’économiste Ndongo Samba Sylla trouve qu’il est difficile pour les experts, en dehors du gouvernement, de faire un bilan des réalisations du Plan Sénégal Emergent (Pse) dans la mesure où ces derniers n’ont toujours pas accès aux informations pertinentes permettant d’évaluer le nouvelle politique du régime de Macky Sall. Il relève toutefois que le fait d’avoir un taux de croissance de 6,5% ne signifie pas forcément une amélioration du bien être des sénégalais. Selon lui, il existe un énorme fossé entre ce que dit le gouvernement et ce que vivent les populations
AMADOU BA, MINISTRE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN : «Nous confirmons les prévisions de croissance de 6,7% en 2016»
«Après 6,5% en 2015 et 4,3% en 2014 le Sénégal a obtenu un taux de croissance de 6,7% en 2016 d’après les estimations de la direction de la planification et des politiques économiques. C’est une progression remarquable puisse qu’on attendait une croissance de 6,6% malgré les perturbations notées durant cette hivernage. Cela montre que la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent commence à apporter ses fruits. La dette reste soutenable. Le Sénégal étant toujours considéré comme un pays avec un risque de surendettement faible, l’inflation est faible. La mise en œuvre du Pse commence à s’étaler dans tous les secteurs d’activités. Nous avons atteint notre cible de déficit budgétaire, il y a une amélioration notoire de la situation économique et financière. Le cadre macro-économique se porte mieux. Les emplois augmentent considérablement. Le secteur privé seulement a recruté 200 mille personnes. Ce qui veut dire que ceux qui travaillaient dans ce secteur ont été mis dans de très bonnes conditions.
Peut-être avec les nouvelles mesures prises, nous allons passer à 500 mille emplois. Il y a une amélioration. Cela est incontournable. Depuis moins de 40 ans nous n’avons jamais eu un taux de croissance de plus de 6%. Il faut être objectif pour constater qu’il existe des réalisations en cours. Aujourd’hui, les investissements agricoles sont à un niveau très avancé. C’est ce qui explique l’amélioration nette de la production agricole. Le gouvernement s’était engagé aussi à travailler sur la réforme foncière. Le rapport a été déposé par le président Moustapha Sourang et va faire très prochainement l’objet d’adoption par le résident de la République».
NDONGO SAMBA SYLLA, ECONOMISTE A LA FONDATION ROSA LUXEMBOURG : «Il y a un fossé énorme entre ce que dit le gouvernement et ce que vivent les populations»
«C’est une question difficile, pour une raison simple, les experts qui sont en dehors du gouvernement n’ont pas forcément accès à toutes les informations pertinentes permettant d’évaluer le Plan Sénégal Emergent. Ce qu’on a pu voir c’est un rapport du Fmi disant que la croissance de 6,5% enregistrée en 2015 n’est pas le fruit du Plan Sénégal Emergent. Donc, il est véritablement difficile de faire une évaluation de la mise en Œuvre, à mi-parcours du Pse sans avoir à notre disposition toutes les informations requises. Les indicateurs qui sont importants pour le gouvernement, ne sont pas forcément ceux qui nous permettent de tâter le pouls de notre économie.
Par exemple, ce n’est pas parce qu’on a eu une croissance de 6,5% que forcément le bien être des sénégalais ordinaires s’est amélioré. Non ! Il faudrait voir dans quel secteur cette croissance a été créée. Est que cette croissance a générée des emplois ? Si oui quel pouvoir d’achat ces emplois ont pu distribuer. L’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a récemment sorti un rapport sur l’emploi. Et dans cette enquête réalisée en 2015, on voit que le taux de chômage entre 2013 et 2015 a augmenté.
Cette augmentation concerne quasiment toutes les régions du Sénégal sauf celle de Ziguinchor et Louga. Si on se base par exemple sur ce travail, on peut dire que malgré les efforts qui ont pu être faits, le gouvernement n’a pas été capable de créer suffisamment d’emplois décents pour régler le chômage des jeunes. C’est un élément concret. Il y a d’autres choses qu’on aimerait savoir. Par exemple, quelle a été l’évolution des inégalités depuis que le nouveau régime est en place ? Malheureusement pour ça aussi, on n’a pas beaucoup de données. C’est pour dire que concernant l’évaluation des politiques économiques, c’est toujours un exercice difficile parce que tant qu’on n’a pas les données statistiques qu’il faut, tant que les recherches qu’il faut n’ont pas été menées, c’est vraiment difficile de se prononcer avec rigueur. Toutefois, ce qui est sûr, entre ce que dit le gouvernement et ce que vivent les populations, il y a un fossé énorme. Parce qu’on voit que la plupart des Sénégalais continuent de vivre dans des conditions assez difficiles.
Donc, qu’il puisse y avoir un taux de croissance économique élevé, n’est pas contradictoire à ces situations là. Car, on voit de manière impressionniste que la plupart des grands travaux ont été confiés à des entreprises étrangères qui, généralement ont peu de retombées sur notre économie domestique dans la mesure où, elles ne payent pas beaucoup de taxes, emploient peu de mains d’œuvre et importent beaucoup de choses à l’étranger de sorte que les investissements de ces entreprises font, ont très peu d’impacts sur le quotidien des sénégalais ».