Après l’attentat de Kaboul, l’Allemagne se divise sur le renvoi de migrants afghans

01 - Juin - 2017

Après l’attentat de Kaboul, l’Allemagne se divise sur le renvoi de migrants afghans

L’avion charter affrété par le gouvernement allemand pour reconduire à la frontière des demandeurs d’asile afghans, mercredi 31 mai, a finalement été annulé après l’attentat qui a frappé le quartier des ambassades à Kaboul. Dans un communiqué, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a justifié la décision pour des « raisons d’organisation », l’ambassade allemande, qui « joue un rôle logistique important dans l’accueil des personnes expulsées » ayant été très endommagée par l’explosion. Sur le fond, a-t-il néanmoins précisé, les reconduites à la frontière « sont et restent justes », et seront poursuivies, « y compris en Afghanistan ».
Le gouvernement a conclu à l’automne 2016 un accord de reconduite à la frontière avec l’Afghanistan, qui autorise les rapatriements en groupe. Depuis décembre 2016, l’Allemagne a procédé à 106 expulsions de demandeurs d’asile vers l’Afghanistan. L’an dernier, 128 000 demandes d’asile ont été déposées par des Afghans outre-Rhin. Seul un Afghan sur deux reçoit actuellement un droit de séjour en Allemagne.
Malgré le terrible attentat, Berlin n’entend pas remettre en question sa qualification de l’Afghanistan comme « pays sûr ». Cette position – qui n’est pas partagée par la France – fait depuis longtemps polémique en Allemagne. Mercredi matin, les Verts et Die Linke (gauche radicale) avaient demandé un arrêt immédiat des reconduites à la frontière. « Il est inhumain de continuer à considérer l’Afghanistan comme un pays sûr et d’y renvoyer les gens », a déclaré la présidente de Die Linke, Katja Kipping, qui reproche au gouvernement une réduction systématique du taux d’octroi d’asile aux ressortissants afghans en Allemagne.
Les associations humanitaires critiquent également depuis longtemps les expulsions vers l’Afghanistan. Amnesty International Allemagne et Pro Asyl estiment que les renvois sont « humainement injustifiables » au vu de la détérioration de la situation dans ce pays en 2016 et des nombreuses victimes civiles, notamment des enfants.
Dans la population allemande, le malaise est également perceptible. Lors du Kirchentag, les journées de l’Eglise protestante, qui se sont tenues du 25 au 28 mai, la question de la moralité des expulsions a été plusieurs fois abordée par des jeunes. Mercredi, à Nuremberg, une manifestation de soutien de 300 personnes à un jeune Afghan menacé d’expulsion a tourné à la confrontation avec la police.

Autres actualités

11 - Mai - 2019

Le Bénin, nouvelle victime de la contagion djihadiste

Pour le Bénin, le double enlèvement de Français, le 1er mai dans le parc naturel de la Pendjari, frontalier du Burkina Faso, est une double mauvaise nouvelle. Et leur...

10 - Mai - 2019

La crise financière de l’Autorité palestinienne menace de déstabiliser la Cisjordanie

Gaza accapare l’attention au Proche-Orient. Mais en coulisses, l’alerte est aussi donnée au sujet de l’Autorité palestinienne. Isolée, affaiblie,...

10 - Mai - 2019

En Algérie, l’enjeu de la mobilisation pendant le ramadan

« Pendant ce mois, tout change. Nos activités de jour, on les fait de nuit, parce que ça demande un effort physique. Les gens ont moins d’énergie. Alors, on se...

09 - Mai - 2019

Sanctions contre l’Iran : le parrain chinois aux abonnés absents

Que fait le grand parrain chinois ? Après avoir été le principal appui de Téhéran face aux sanctions nucléaires internationales, entre 2012 et 2015,...

09 - Mai - 2019

La Corée du Nord procède à de nouveaux tirs de « projectiles »

La Corée du Nord a procédé jeudi 9 mai à des tirs de projectiles, qui n’ont pas à ce stade été identifiés, a annoncé...