Après la répression, le sentiment d’asphyxie des Iraniens
La scène rapportée à la presse iranienne par le député Mahmoud Sadeghi se déroule un jour de décembre au Parlement. Le ministre de l’intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, répond aux questions des membres de l’Assemblée sur la répression sanglante du mouvement de contestation lancé en novembre. Un élu évoque ainsi le cas de deux habitants de sa ville, Karaj, où les violences ont été particulièrement dures. Ils ont été tués par les forces de l’ordre, visés à la tête et à balles réelles. « Il n’était pas plutôt possible de viser les jambes ? », demande le député. Le ministre lui répond : « Mais il y a eu aussi des balles tirées dans les jambes ! » Une « nonchalance » qui aurait stupéfait les parlementaires, selon M. Sadeghi.
L’échange est emblématique de la manière dont le pouvoir iranien assume la violence de sa répression du mouvement de novembre, avec au moins 304 morts, selon Amnesty International. Ce qui en ferait la plus sanglante de l’histoire de la République islamique. Selon l’ONG, des milliers d’Iraniens ont été arrêtés, dont des enfants de 15 ans, après les manifestations massives déclenchées d’abord contre la hausse brusque des prix de l’essence puis contre le régime lui-même. Pour le moment, les autorités iraniennes refusent de donner le bilan officiel des victimes. L’ampleur des exactions et la violence des forces de l’ordre se révèlent par touches depuis la fin du mouvement.