Attaque de Dortmund : « aucun élément » ne relie le suspect interpellé à l’attaque du bus

13 - Avril - 2017

Attaque de Dortmund : « aucun élément » ne relie le suspect interpellé à l’attaque du bus

Les enquêteurs restent prudents sur l’origine des explosions qui ont visé le bus de l’équipe de football.

Au lendemain des trois explosions qui ont visé le bus de l’équipe de football du Borussia Dortmund, mardi 11 avril, les enquêteurs n’ont pas de doute sur la nature « terroriste » de l’attaque. Mais ils restent très prudents sur son origine. L’attentat a blessé un joueur et un policier quelques minutes avant le quart de finale aller de la Ligue des champions devant opposer le Borussia à l’AS Monaco.
Le parquet fédéral allemand a annoncé, mercredi après-midi, avoir identifié « deux suspects appartenant à la mouvance islamiste », dont l’un a été interpellé,avant que la police fasse savoir, jeudi, que « l’enquête n’a pas permis jusqu’à présent de trouver d’éléments montrant que le suspect a participé à l’attentat ». L’individu, un Irakien âgé de 26 ans, a toutefois été placé en détention pour appartenance à l’organisation Etat islamique (EI) lors d’un séjour en Irak dans le passé.
Dès mercredi soir, des sources proches de l’enquête se disaient troublées par trois textes retrouvés sur place. A leurs yeux, ces documents, où sont notamment réclamés le départ des avions de reconnaissance allemands Tornado déployés dans le cadre de la coalition contre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, ainsi que la fermeture d’une base de l’OTAN située en Rhénanie-Palatinat, ne correspondent pas, en raison de leur orthographe soignée et de certains termes allemands qui y sont employés, aux écrits habituels des djihadistes. La signature, en outre, ressemble peu à celle de l’EI, qui revendique généralement ses attentats par la voie de communiqués et non en semant des indices de cette nature.
Le club s’est senti ignoré
Comme lors des précédents attentats, les autorités allemandes ont choisi de communiquer avec parcimonie. La volonté de ne pas céder à la panique a expliqué la décision qui a été prise, dès mardi soir par l’UEFA, en accord avec ces dernières, de reporter la rencontre au lendemain. Celle-ci a donc eu lieu, mercredi à 18 h 45, dans une ambiance de fraternité entre les deux équipes.
Avant le match, le speaker a ainsi « remercié » les supporteurs monégasques pour leurs gestes de solidarité de la veille, tandis que ceux-ci – certains ont été hébergés par leurs homologues allemands – ont ensuite acclamé le Borussia. Au coup de sifflet final (3-2 pour Monaco), les deux équipes se sont congratulées dans le rond central, sur fond de « Dortmund ! Dortmund ! » clamés par les supporteurs monégasques.
Après le match, l’entraîneur du Borussia, Thomas Tuchel, a toutefois critiqué la décision de l’UEFA de n’avoir accordé à ses joueurs qu’un délai de vingt-deux heures avant de disputer la rencontre. « Après l’attaque, nous aurions aimé avoir plus de temps pour digérer tout cela. Nous nous sommes sentis ignorés. On ne nous a pas demandé notre avis. Quelques minutes après l’attaque, on nous a dit qu’on devrait jouer, comme si on nous avait envoyé une canette de bière contre le bus », a-t-il regretté.
Angela Merkel déplore les « différences existant entre les Länder en matière de législation sur la sécurité »
Interrogé par le quotidien Bild sur l’opportunité de reporter le match de seulement une journée, alors que les enquêteurs n’ont pas la certitude que l’homme interpellé soit l’auteur de l’attentat, le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, a justifié cette décision : « Nous ne devons pas nous laisser intimider. Sinon les terroristes ont déjà gagné », a déclaré le ministre, présent au stade mercredi.
Dans un entretien publié jeudi matin dans plusieurs quotidiens régionaux, Angela Merkel, quant à elle, a déploré les « différences existant entre les Länder en matière de législation sur la sécurité ». La chancelière conservatrice cite notamment les lois très restrictives en matière de contrôles de police en vigueur dans plusieurs d’entre eux, comme la Rhénanie-du-Nord - Westphalie, où est situé Dortmund.
Si la critique n’est pas nouvelle de sa part, elle prend néanmoins une résonance politique particulière à un mois presque jour pour jour des élections régionales en Rhénanie-du-Nord - Westphalie, un Land dirigé par les sociaux-démocrates : les services de sécurité et de renseignement de la région ont déjà été accusés d’avoir sous-estimé la dangerosité d’Anis Amri, l’auteur de l’attentat commis au nom de l’EI contre un marché de Noël, à Berlin, le 19 décembre 2016, qui a fait douze morts et une cinquantaine de blessés.

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