Attaquée et isolée, Theresa May promet d’« aller jusqu’au bout » pour défendre l’accord sur le Brexit
Les moments de répit ne durent jamais longtemps pour Theresa May. Un peu comme dans un jeu vidéo, les obstacles surmontés et les adversaires vaincus resurgissent sans cesse dans le chamboule-tout permanent qu’est devenu le Brexit côté britannique.
Mais cette fois, on approche du « game over ». Le sort du Royaume-Uni en Europe, outre celui de la première ministre elle-même, est en jeu. A peine était sèche l’encre des 585 pages de l’accord sur le Brexit qu’elle avait annoncé mardi 13 novembre, à peine avait-elle eu le temps de claironner, mercredi soir, l’annonce d’un accord de son gouvernement sur ce texte, que le fragile édifice s’est effondré.
La démission, jeudi 15 novembre au matin, de Dominic Raab, le ministre précisément chargé du Brexit, et de quatre autres membres du gouvernement, puis trois heures d’explications de Theresa May à Westminster devant des députés presque tous hostiles, ont installé l’idée que le deal laborieusement négocié à Bruxelles depuis vingt mois n’avait guère de chance de trouver une majorité lors du vote prévu en décembre au Parlement. « Le papier [de l’accord] pourrait être bon pour la poubelle d’ici à Noël », constatait la BBC. Dans cette ambiance de sauve-qui-peut, la livre sterling s’est effritée de près de 2 %.
« Arrêtez la pendule et partez à Bruxelles ! »
Le projet d’accord négocié par « un gouvernement en plein chaos » constitue « un échec hautement préjudiciable » qui conduirait le pays à « sauter dans le vide », a attaqué, devant les Communes, le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui souhaite profiter de la cacophonie pour provoquer de nouvelles élections et parvenir au pouvoir.
« Arrêtez la pendule et partez à Bruxelles ! », a renchéri Ian Blackford, député indépendantiste écossais (SNP), furieux que l’Ecosse ne dispose pas de l’accès privilégié au marché unique européen réservé à l’Irlande du Nord dans le texte négocié avec les Vingt-Sept.