Attentat en Nouvelle-Zélande : la première ministre veut durcir les lois sur le port d’armes

16 - Mars - 2019

Au lendemain des attentats contre deux mosquées de Christchurch, qui ont fait 49 morts et pour lesquels a été inculpé Brenton Tarrant, un Australien équipé d’armes semi-automatiques acquises légalement, la première ministre Jacinda Ardern s’est engagée samedi à durcir les lois sur le port d’armes. « L’attaquant était détenteur d’un permis de port d’armes (…) acquis en novembre 2017 », a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse à Wellington, avant de se rendre à Christchurch.

L’homme, âgé de 28 ans, avait acheté deux fusils semi-automatiques, deux fusils de chasse et un fusil à pompe, a-t-elle précisé :

« Le simple fait (…) que cet individu ait acheté un permis et acquis des armes de ce type, cela me fait dire que les gens vont vouloir que cela change, et je m’y engage. Je peux vous dire une chose, nos lois sur les armes vont changer. »

Mme Ardern a noté que des tentatives avaient eu lieu en 2005, 2012 et 2017, et précisé qu’il fallait envisager une interdiction des armes semi-automatiques.

La Nouvelle-Zélande a amendé la loi de 1983 pour durcir les conditions d’accès aux armes semi-automatiques en 1992, deux ans après que David Gray, un individu souffrant de troubles psychiatriques, a tué treize personnes, avant d’être abattu par la police, à Aramoana, sur l’île du Sud.
Des règles et des lacunes

Contrairement à l’Australie, où les armes semi-automatiques ont été interdites après le massacre de Port Arthur, en 1996, le pays autorise la possession de ce type d’équipement à condition qu’il soit enregistré.

En Nouvelle-Zélande, l’âge légal minimum pour posséder une arme à feu est fixé à 16 ans, à l’exception des armes semi-automatiques, pour lesquelles le plancher est relevé à 18 ans. Le permis de détention d’arme standard peut être obtenu après une vérification d’antécédents criminels, de troubles mentaux, et après des séances d’instruction en matière de sécurité. Il est renouvelable tous les dix ans.

La plupart des armes à feu échappent à l’obligation d’enregistrement, et la police ignore combien d’entre elles sont détenues « que ce soit légalement ou illégalement », notaient les forces de l’ordre dans un communiqué en 2018. Elles estimaient que la législation obligeant à déclarer les armes semi-automatiques avait des lacunes.

Samedi, Mme Ardern a affirmé vouloir entièrement bannir ce type d’armes, ce que la police recommandait dès 1997. Le nombre d’armes à feu en circulation est, en revanche, important : d’après l’ONG suisse Small Arm Survey, 1,2 million d’armes ont été déclarées en 2017, ce qui représente environ 26 armes pour 100 personnes, la Nouvelle-Zélande comptant 4,6 millions d’habitants.

En 2017, le pays n’a compté que trente-cinq meurtres, selon un rapport de la police néo-zélandaise ; 50 avaient été recensés en 2016, 48 en 2015 ou 43 en 2014. Et entre 2007 et 2014, seul un homicide sur dix impliquait l’utilisation d’une arme à feu, toujours selon la police. En 2015, le taux de décès par arme à feu était de 1,24 pour 100 000 habitants, (2,65 pour 100 000 en France, en 2013 et de 11,96 pour 100 000 aux Etats-Unis, en 2016).

La police urbaine en Nouvelle-Zélande n’est pas armée. Les unités des forces spéciales, armées, interviennent le cas échéant.

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