">

Au Brésil, la chute de Sergio Moro, l’ancien juge star de l’anticorruption

08 - Juillet - 2019

Tel un César s’adressant à la plèbe, Jair Bolsonaro avait soumis, dimanche 7 juillet, le destin de son ministre de la justice à l’appréciation d’une foule de supporteurs de football. Au stade Maracana, à Rio de Janeiro, peu avant le coup d’envoi de la finale de la Copa América opposant le Brésil au Pérou, le chef d’Etat brésilien s’est affiché aux côtés de l’ex-juge Sergio Moro, héros déchu de l’anticorruption pris dans la tourmente d’un scandale mettant à mal son impartialité. Jair Bolsonaro attendait le verdict du public. « Le peuple dira si nous avons raison ou pas », avait-il lancé crânement deux jours plus tôt. Las, après un hommage à Joao Gilberto, chanteur mythique de bossa-nova décédé la vieille, les tribunes ont autant sifflé qu’applaudi le chef d’Etat et son ministre en difficulté.

« Le temps des Césars est révolu. (…) On ne peut doubler la réalité des institutions démocratiques en se soumettant soi-même et son ministre de la justice au procès d’un stade de football en imaginant qu’il représente toute la société », commente, dans une tribune au quotidien O Estado de Sao Paulo, le politologue Carlos Melo. Le peuple, en réalité, avait déjà donné son avis la veille du match.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, la rue tente de défendre Sergio Moro, héros déchu de l’anticorruption

Samedi, un sondage Datafolha révélait que 58 % des Brésiliens jugeaient « inappropriée » la conduite de l’ancien magistrat révélée par les conversations qu’il a tenues entre 2014 et 2018 avec les procureurs de l’opération anticorruption « Lava Jato » (« lavage express »). Divulgués au compte-gouttes depuis le début du mois de juin par le site The Intercept en partenariat avec des médias brésiliens comme le quotidien Folha de Sao Paulo ou le magazine conservateur Veja, les messages égrainés au fil des semaines révèlent un magistrat tentant de manipuler les enquêtes et d’influencer les procureurs en flirtant avec la légalité.
« Extrêmement grave »

Dimanche, de nouvelles révélations assuraient que Sergio Moro aurait envisagé de briser le secret des aveux de cadres du groupe de BTP Odebrecht, embourbé dans le scandale, afin de déstabiliser le régime de Nicolas Maduro, au Venezuela. Lors du G20 d’Osaka, au Japon, fin juin, Jair Bolsonaro a lui confessé de façon ingénue que le ministre de la justice l’avait informé de l’enquête visant son parti, le Parti social-libéral (PSL), suspecté d’avoir eu recours à des candidatures fictives pour obtenir des fonds publics.

Autres actualités

14 - Juin - 2018

Au Yémen, les rebelles houthistes « comprendront que leur aventure est finie après la libération d’Hodeïda »

Le ministre des relations extérieures des Emirats arabes unis, Anouar Gargash, explique au « Monde « les raisons de l’intervention de sa coalition dans le port...

14 - Juin - 2018

Coupe du monde 2018 : Poutine veut gagner le match de l’image

Le président russe mise sur le prestige de la compétition, qui débute jeudi, pour affermir son pouvoir et montrer un meilleur visage à l’étranger. Un...

13 - Juin - 2018

Nucléaire : la diplomatie à géométrie variable de Donald Trump

La faiblesse des exigences du président américain sur la Corée du Nord contraste avec son rejet de l’accord, âprement négocié, sur le...

13 - Juin - 2018

Brexit : les députés pro-européens font céder Theresa May

Le rapport de force construit avec succès par ces élus, pourtant conservateurs, a conduit la première ministre à abandonner le Brexit dur. Theresa May a...

12 - Juin - 2018

Sommet de Singapour : le texte signé par Donald Trump et Kim Jong-un

Donald Trump et Kim Jong-un ont affiché leur entente pour « tourner la page du passé » mardi 12 juin, lors d’un sommet inédit à Singapour. A...