Au Brésil, le règne de l’impunité

28 - Février - 2017

Au Brésil, le règne de l’impunité

Au Brésil, il existe une métaphore pour décrire l’impunité dont bénéficient la plupart des dirigeants politiques. Les poursuites, dit-on, finissent tôt ou tard par une « soirée pizza ». A écouter les cyniques, le président Michel Temer est déjà en train de faire réchauffer une « quatre fromages ».
Cité dans le scandale de corruption « Petrobras », dévoilé en 2014 par l’enquête « Lava Jato » (« lavage express »), le chef de l’Etat semble se mettre, avec son gouvernement, à l’abri des tracas judiciaires. Le poison du doute est tel que, mi-février, le président a dû tenir une conférence de presse pour assurer que « le gouvernement fédéral ne veut protéger personne ».
Après le traumatisme de la destitution de Dilma Rousseff
L’exercice n’a pas eu l’effet escompté car M. Temer a fait suivre son propos d’un « mais » expliquant que seule une mise en examen pourrait justifier le départ du gouvernement d’un de ses ministres. Compte tenu de la lenteur des procédures judiciaires à la Cour suprême – quatorze mois en moyenne pour des responsables politiques en exercice –, cette déclaration revient à sanctuariser son équipe, régulièrement citée dans l’affaire, jusqu’à la fin de son mandat en 2018.
La démarche viserait-elle à assurer la stabilité politique, après le traumatisme de la destitution de la présidente de gauche, Dilma Rousseff, en août 2016 ? Difficile à croire. « On ne peut plus stopper “Lava Jato”. Mais les politiciens de tous bords tentent de sauver leur peau avant la mise au jour de la “délation de la fin du monde” », commente le politologue David Fleischer. Une référence aux confessions à la justice de 77 cadres du groupe de bâtiment et travaux publics Odebrecht, protagoniste du scandale. Les premières fuites sur ces aveux obtenus en échange de remises de peine avaient mis en cause le chef d’Etat, fin 2016.
Ultra-impopulaire, M. Temer a, depuis, multiplié les signes ambigus. Son dernier en dates : la nomination de l’ancien ministre de la justice Alexandre de Moraes comme juge à la Cour suprême. Choix adoubé, le 22 février, par le Sénat. Le jeune magistrat remplace le juge Teori Zavascki, chargé d’instruire le volet politique de « Lava Jato » jusqu’à sa mort, dans un accident aérien, le 19 janvier.
M. de Moraes, membre du Parti social-démocrate brésilien (PSDB), allié du gouvernement et connu pour sa sympathie envers M. Temer, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), n’hérite.

Autres actualités

15 - Mars - 2018

« Trump, qui n’aime pas l’accord négocié avec Téhéran sur le nucléaire iranien, va adorer les tractations avec Kim Jong-un »

Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », s’interroge sur le sens que le président américain et le dirigeant nord-coréen mettent...

14 - Mars - 2018

Avec le départ de Tillerson, Trump impose une ligne dure en diplomatie

Le nouveau secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, jusqu’ici à la tête de la CIA, a noué une relation de proximité avec le président, dont il partage...

14 - Mars - 2018

L’armée éthiopienne tue 9 civils, 5 000 personnes fuient au Kenya

En Ethiopie, les relations se sont dégradées entre habitants et soldats déployés à Moyale, en région Oromia, fief de la contestation antigouvernementale....

13 - Mars - 2018

L’ONU accuse Facebook d’avoir laissé se propager des discours de haine contre les Rohingya

En Birmanie, où le réseau social est particulièrement populaire, des ultranationalistes l’ont utilisé pour diffuser des appels à la violence envers la...

13 - Mars - 2018

Jeux vidéo violents : comment Trump a divisé la communauté des joueurs

En revenant à une position conservatrice, le président américain bouscule les différents courants politiques qui traversent le monde des pixels. Analyse. Quand il...