Au Burkina Faso, la polémique enfle autour de la gestion de la lutte contre le coronavirus
C’était le 18 mars, le gouvernement burkinabé organisait son premier « point de situation » sur l’évolution du Covid-19 face à la presse. Ce jour-là, rares sont ceux à porter un masque. L’heure est encore à l’insouciance. « Nous avons enregistré dans la nuit le décès d’une patiente de 62 ans, diabétique, qui était sous réanimation », annonce le professeur Martial Ouédraogo, le coordonnateur national de la réponse à la pandémie du nouveau coronavirus.
L’annonce fait l’effet d’un électrochoc. Le Burkina Faso, qui n’enregistre alors que 27 cas positifs à cette date, devient le premier pays à compter ses morts du coronavirus en Afrique subsaharienne.
Le même jour, on apprendra que la patiente décédée est Rose Marie Compaoré, une députée de l’opposition et deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale. Or, près de deux mois après les faits, la polémique enfle autour des circonstances de sa mort. La députée était-elle vraiment atteinte du Covid-19 ? Son décès aurait-il pu être évité ? Les révélations se multiplient et mettent au jour des failles dans la gestion de l’épidémie.
« Ça me hante »
Depuis le décès de son épouse, Amado Compaoré cherche à comprendre. « Ça me hante », souffle cet ingénieur à la retraite, assis dans la cour de sa maison. Le 16 mars, la sexagénaire, hospitalisée dans une clinique privée de la capitale après « un contrôle de routine de son diabète », indique la famille, est transférée au CHU de Tengandogo, le centre de prise en charge des malades du Covid-19. « Elle présentait de la fièvre et des difficultés respiratoires », des « signes suspects » de la maladie, affirme un soignant de l’hôpital.