Au Liban, la présence massive et prolongée des réfugiés syriens exaspère

12 - Août - 2017

En six ans de cohabitation, les humiliations envers une population qui représente un quart du nombre d’habitants au Liban n’ont pas manqué.

Les années d’exil ont durci le caractère d’Oum Ahmad. Derrière son beau sourire, la colère affleure. « La guerre chez nous ne finira jamais », désespère cette maman âgée d’une trentaine d’années, originaire du nord de la Syrie. A cause du conflit, elle a rejoint en 2012 son mari, de longue date installé à Beyrouth. Le maigre salaire de ce travailleur ne suffit pas au ménage, qui s’endette. Oum Ahmad a abandonné l’idée d’obtenir un soutien institutionnel : sa famille a été radiée du programme d’aide alimentaire de l’ONU.
Elle loue la gentillesse de ses voisins libanais, qui aident ses enfants dans leur scolarité. Mais il lui faut aussi composer avec les vexations, dans la rue. « J’entends souvent des gens dire, à notre passage : “Quand est-ce qu’ils vont rentrer chez eux, ces Syriens ?” Je passe mon chemin en silence », dit-elle, impuissante.
De nombreux Libanais expriment leur exaspération face aux réfugiés syriens, qui représentent aujourd’hui près d’un quart de la population, soit 1,5 million de personnes. Débuté en 2011, aux premiers mois de la révolte syrienne qui a basculé dans la guerre, l’exil des Syriens vers le Liban s’est ensuite intensifié. La lassitude dans leur pays d’accueil est allée crescendo, au fur et à mesure que leur présence se prolongeait.

Dalal, une jeune femme de Beyrouth, qui « soutenait la révolution syrienne », juge aujourd’hui que « c’en est trop ». « Aucune infrastructure ne fonctionne au Liban. Les réfugiés sont un poids supplémentaire, dit-elle. Je comprends leur misère, mais je n’arrive plus à me sentir solidaire. » Des médias, des ministres ou des députés donnent aussi dans la surenchère, en tenant des propos alarmistes ou racistes sur les réfugiés.
« Fatigue générale »
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