Au Mali, des signataires de l’accord de paix impliqués dans des activités terroristes
Dans un rapport que « Le Monde » s’est procuré, l’ONU montre que des responsables de groupes armés contribuent à des attaques et à des trafics de migrants et de drogues.
Par Morgane Le Cam (Bamako, correspondance)
Le rapport est accablant et ce n’est que la pointe de l’iceberg. Pour la première fois, l’ONU, via son groupe d’experts indépendants sur le Mali, dénonce, noms à l’appui, l’implication de membres de groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger ou désignés comme « coopératifs » dans des attaques terroristes, mais aussi dans le trafic de migrants et de drogues. L’accord de paix d’Alger avait été signé en 2015 pour mettre fin au conflit dans le nord du Mali.
En exclusivité, Le Monde Afrique a obtenu ce rapport qui devrait être rendu public prochainement. Ce document de 71 pages, daté du mercredi 8 août, révèle la participation d’Alkassoum Ag Abdoulaye, le chef d’état-major de la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA), dans la double attaque terroriste qui a visé le camp militaire de Soumpi, dans la région de Tombouctou, les 24 octobre 2017 et 27 janvier 2018. Selon le rapport, près de 19 militaires ont été tués lors de ces deux attaques revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La CPA est membre de la Coordination des mouvements de l’entente (CME), une coalition formée de dissidents des groupes ayant signé l’accord de paix d’Alger.